C’est le roman de Dominique Scali Les marins ne savent pas nager qui a remporté le Prix des libraires dans la catégorie roman-nouvelles-récit québécois, jeudi soir au Club Soda, alors que Marie-Hélène Voyer a été récompensée dans deux catégories – une première dans l’histoire du Prix – pour son essai L’habitude des ruines et son recueil de poésie Mouron des champs.

« Il y a des moments dans l’écriture de ce livre où je me suis dit : voyons, je suis folle ! C’était tellement mission impossible comme projet… Finalement, j’avais raison de croire que ça valait la peine de virer un peu folle pour y arriver », confie Dominique Scali en se réjouissant de cette récompense.

Paru l’automne dernier à La Peuplade, Les marins ne savent pas nager est campé au XVIIIsiècle, dans une île fictive au beau milieu de l’Atlantique, et nous entraîne dans le sillage d’une orpheline qui répond à l’appel de la mer. L’autrice révèle qu’elle a mis plus de cinq ans à écrire ce deuxième roman.

J’ai fait beaucoup de recherches parce que je partais de rien ; je ne connaissais rien sur la marine à voile, je n’avais jamais navigué.

Dominique Scali

« À la base, c’était un peu comme une fascination, une curiosité pour tout ce qui touche à la mer et à la navigation, dit-elle. C’était vraiment un trip littéraire et un trip imaginaire. »

Deux prix pour Marie-Hélène Voyer

De son côté, la professeure de littérature et poète Marie-Hélène Voyer a remporté le vote des libraires dans deux catégories différentes (essai et poésie), ce qui ne s’était jamais produit auparavant.

Ses deux livres – L’habitude des ruines (paru chez Lux éditeur) et Mouron des champs (chez La Peuplade) – sont en quelque sorte sa « bête à deux têtes », souligne-t-elle.

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Marie-Hélène Voyer

Ce sont deux manuscrits siamois qui ont poussé en simultané. Ils ont en commun la colère par rapport à la confiscation des lieux qui nous font office de mémoire, mais aussi la confiscation d’une parole, dans Mouron des champs, où je parle de toutes ces femmes taiseuses qui ont mis leur vie en retrait pour faire grandir leurs enfants, surtout dans un Québec rural.

Marie-Hélène Voyer

Ce deuxième recueil de poésie, confie Marie-Hélène Voyer, est une forme de réconciliation avec la figure maternelle puisque le fil conducteur est sa propre mère, emportée par une dépression il y a une quinzaine d’années. « Elle me voyait écrire dans mes journaux intimes ou dans mes cahiers, et elle me disait : “Tout ce que tu écriras pourra être retenu contre toi.” Elle le disait à la blague ; malgré tout, il y avait de sa part une inquiétude de me voir écrire. La boucle du deuil est sans doute bouclée avec cette belle et immense reconnaissance des libraires du Québec. »

Dans son essai L’habitude des ruines, elle évoque autrement cet arrière-pays québécois dont on parle peu, à son avis – « rural, modeste, sans histoire » –, et dans lequel elle a grandi. Un texte nourri des récits de son père et de son grand-père et qui se veut, précise-t-elle, un plaidoyer pour la beauté modeste de nos paysages et de notre architecture.

Ces prix, note Marie-Hélène Voyer, se greffent aux autres « bonnes nouvelles » qui viennent d’arriver autour des deux livres, puisque Mouron des champs sera adapté au théâtre par Catherine de Léan, alors que des documentaristes l’ont sondée pour poursuivre la réflexion qui se déploie dans L’habitude des ruines.

Des prix dans six catégories

Dans la catégorie bande dessinée québécoise, les libraires ont choisi Parfois les lacs brûlent, premier album de Geneviève Bigué (paru chez Front Froid) qui a également remporté le Prix des libraires dans le volet bande dessinée jeunesse, en février dernier.

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Geneviève Bigué

Deux titres étrangers ont en plus été récompensés : Les abeilles grises, d’Andreï Kourkov (Liana Levi), dans la catégorie roman-nouvelles-récit, et Nettoyage à sec, de Joris Mertens (Rue de Sèvres), dans les bandes dessinées.

Les livres qui ont remporté le Prix des libraires 2023
  • Catégorie roman-nouvelles-récit québécois

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    Catégorie roman-nouvelles-récit québécois

  • Catégorie essai québécois

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    Catégorie essai québécois

  • Catégorie poésie québécoise

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    Catégorie poésie québécoise

  • Catégorie bande dessinée québécoise

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    Catégorie bande dessinée québécoise

  • Catégorie roman-nouvelles-récit hors Québec

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    Catégorie roman-nouvelles-récit hors Québec

  • Catégorie bande dessinée hors Québec

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    Catégorie bande dessinée hors Québec

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Le Prix d’excellence de l’Association des libraires du Québec, qui récompense un ou une libraire pour son travail exceptionnel, a par ailleurs été remis à Éliane Ste-Marie, de la librairie l’Exèdre, à Trois-Rivières. Ce prix s'accompagne d'une bourse de 2000 $ du ministre de la Culture et des Communications du Québec, Mathieu Lacombe.

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Éliane Ste-Marie

Depuis 1994, le Prix des libraires du Québec récompense des titres choisis par des libraires de toute la province. Une bourse de 10 000 $ a été remise par le Conseil des arts et des lettres du Québec à la lauréate de la catégorie roman-nouvelles-récit québécois, alors que le prix de la catégorie essai québécois s’accompagne d’une bourse de 5000 $ du Conseil des arts de Montréal. Une bourse de 3000 $ est également offerte aux lauréates des catégories poésie québécoise et bande dessinée québécoise par l’Association des libraires du Québec.

Consultez le site du Prix des libraires du Québec