L’essai connaît actuellement, au Québec, une période faste. Et rien n’indique que la source se tarira en 2023. À vos marques, prêts, pensez !
Cocorico, de Mickaël Bergeron
Cocorico
Somme toute
224 pages
Vous n’êtes pas tannés, les gars, de tout ce bordel ? Telle est la question que balance Mickaël Bergeron à tous les hommes – il les espère nombreux – ayant à cœur l’atteinte d’une réelle égalité entre messieurs et mesdames, qui ne peut selon lui passer que par une profonde rénovation de cet édifice bancal que l’on appelle la masculinité. De la construction des superhéros jusqu’aux clichés que l’on charrie au sujet de l’importance de la taille du pénis, le chroniqueur à La Tribune traque partout où elle se terre la toxicité de nos conceptions de la virilité.
Somme toute (31 janvier)
Le contrat racial, de Charles W. Mills
Le contrat racial
Mémoire d’encrier
171 pages
Sans Mémoire d’encrier, la tribune dont pourraient se prévaloir les écrivains noirs ou autochtones, au Québec, ne ressemblerait qu’à une trop mince corniche. En plus d’accueillir nombre de poètes d’origine innue, arabe et haïtienne, la maison d’édition a toujours aussi su ouvrir ses fenêtres sur des essais majeurs de partout dans le monde, une mission qu’elle embrasse à nouveau afin de lancer les festivités entourant son 20e anniversaire. Publié en 1997 par l’important philosophe américain Charles W. Mills, Le contrat racial, devenu plus tard un des textes de référence du mouvement Black Lives Matters, jouit d’une traduction signée Aly Ndiaye, alias Webster.
Mémoire d’encrier (1er février)
Au temps de la pensée pressée, de Jean-Philippe Pleau
Au temps de la pensée pressée
Lux
232 pages
Son émission de radio s’intitule Réfléchir à voix haute, mais c’est dans le silence habité de nos esprits que s’invite l’animateur et sociologue Jean-Philippe Pleau avec ce premier livre, regroupant les éditos qu’il offre en conclusion de ses rendez-vous du dimanche soir. Chantre d’une démarche intellectuelle fièrement papillonnante, ambitionnant de rejoindre le plus vaste nombre, le jeune vétéran des ondes publiques poursuit ainsi le travail accompli par son mentor, Serge Bouchard, qui, par-delà le mutisme forcé de son absence, parvient toujours à se faire entendre à travers les mots de ceux qu’il a influencés.
Lux (2 février)
S’engager en amitié, de Camille Toffoli
S’engager en amitié
Écosociété
128 pages
La belle idée ! Écosociété inaugure cet hiver Radar, une collection d’essais s’adressant aux adolescents, mais qui, à l’image de la musique de Billie Eilish, pourra aussi plaire aux adultes. La toujours passionnante Camille Toffoli (Filles corsaires), qui sait comme personne conjuguer reportage, introspection et sociologie, propose dans S’engager en amitié de « révéler le potentiel émancipateur » du lien amical, un type de relation certes moins valorisé que l’amour avec un grand a, et répondant pourtant à une rare liberté. « Les amitiés profondes ont souvent quelque chose d’inconditionnel, écrit-elle, et c’est ce qui fait leur force. »
Écosociété (1er mars)
La recette de l’amour, de Léa Stréliski
La recette de l’amour
Québec Amérique
Non, Léa Stréliski n’est pas virée crackpot. Si l’on se fie au second degré dont est (parfois... souvent !) teinté son fil Twitter, son deuxième livre sera imprégné d’une certaine dose d’ironie, à moins qu’elle se soit réellement transformée en coach de vie et qu’elle soit parfaitement sérieuse lorsqu’elle prétend offrir « rien de moins que la recette pour trouver l’amour. » On ne doute pas cependant qu’elle parle avec son cœur lorsqu’elle se désole que ce monde fasse de nous « des consommateurs alors que nous pourrions être des amoureux ». Quiconque s’est déjà rendu dans un Costco avec l’âme sœur sait à quel point ces deux projets ne sont pas toujours compatibles.
Québec Amérique (14 mars)