Il y a 12 ans, Véronique Larouche-Filion et Bruno Turcotte ont lancé Amos vous raconte, un imposant parcours historico-théâtral qui a permis à des milliers de spectateurs de mieux connaître les bâtisseurs de l’Abitibi et son influence sur l’histoire du Québec. Ils publient aujourd’hui une série de livres sur les grands personnages de cette époque.

Première municipalité de l’Abitibi désignée ville, en 1925, Amos est situé à la jonction de la rivière Harricana et du chemin de fer Transcontinental. « Le chemin de fer a été un enjeu politique, car le Québec voulait que le train passe par l’Abitibi, sinon on n’embarquait pas dans le Canada », souligne Véronique Larouche-Filion.

Bruno Turcotte renchérit. « L’Abitibi est une pierre d’assise de la grande histoire du Québec. Sans notre région, le Québec ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. »

Si vous ignoriez ces réalités, vous n’êtes pas le seul. « Quand Bruno me posait des questions sur l’histoire d’Amos, sa ville d’adoption, je ne savais jamais quoi répondre, se souvient Véronique. Je me suis rendu compte qu’on ne parlait jamais de notre histoire régionale et locale dans le cursus scolaire. »

Sachant que plusieurs jeunes du coin rêvent de quitter la municipalité sans y revenir, après le secondaire, les deux artistes ont cherché un moyen de créer un sentiment d’appartenance.

Comme on enseignait le théâtre et la danse aux jeunes depuis des années, on sentait que plusieurs d’entre eux n’avaient pas développé un lien d’amour avec leurs racines. On a donc eu l’idée de raconter l’histoire de ceux qui ont bâti l’Abitibi, en plus de collaborer avec les Premières Nations en marchant à leurs côtés.

Bruno Turcotte

Immersion totale

C’est ainsi qu’est né le circuit durant lequel Amos Deseskers, un ado fictif de 13 ans plein de bagou, raconte l’histoire des bâtisseurs aux quatre coins de la ville. « C’est une immersion complète, dit Bruno Turcotte. On se déplace dans une géographie pour découvrir la municipalité. Les personnages viennent de part et d’autre. On raconte l’histoire de façon humaine et vivante. »

Véronique Larouche-Filion n’avait aucune envie d’une œuvre biographique enchaînant les dates historiques. « La seule façon de créer un souvenir chez quelqu’un, c’est de connecter à ses émotions », dit-elle.

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

Bruno Turcotte et Véronique Larouche-Filion

La production impliquait parfois jusqu’à 60 comédiens amateurs et figurants de tous les âges. « Le public appréciait le fait de voir des bébés, des enfants, des ados, des adultes et des aînés, de plusieurs horizons. Pas juste des acteurs dans la trentaine, Blancs, catholiques qui parlent français. »

PHOTO FOURNIE PAR JENNY CORRIVEAU, TA GUEULE COMMUNICATION

Le parcours historico-théâtral a fait connaître les bâtisseurs de l’Abitibi.

Fiers du succès du circuit, dont la dernière saison a eu lieu à l’été 2022, les créateurs ne pouvaient pas accepter que leur histoire retourne dans les tiroirs de l’oubli. « Le théâtre est une épée à double tranchant avec son caractère éphémère : il faut être au spectacle pour en profiter, souligne Véronique Larouche-Filion. Quand on prévoyait la fin du circuit, on cherchait une façon d’assurer la pérennité de cette histoire pour les prochaines générations. »

Une série de livres

Comme les jeunes forment son public préféré, l’autrice a choisi d’écrire des livres jeunesse autour des principaux personnages du circuit : le maire Authier, le capitaine Yergeau, l’agricultrice Croteau, l’entrepreneur Sicard et le docteur Bigué.

On plonge à nouveau dans la tête d’Amos Deseskers qui nous raconte avec textes et images — et plein de petits commentaires extratextuels — la vie de ces gens ordinaires qui ont accompli l’extraordinaire. « Ce sont des personnes de partout en province qui ont choisi de s’établir sur la terre de tous les possibles », dit M. Turcotte.

Le couple de créateurs a fait la même chose au début des années 2000.

Quand on est venus s’installer à Amos, on a vu qu’il n’y avait pas de cours de théâtre, alors on a décidé de défricher et de semer de futurs comédiens.

Bruno Turcotte

« Un peu comme à l’époque, quand Cécile Lacroix [le sujet du 6e tome] a su de ses parents qu’il n’y avait pas de modiste en ville : elle est partie avec ses boîtes et elle a lancé son entreprise. »

Après s’être intéressés à différents secteurs d’activité comme la politique, la navigation, l’agriculture, la médecine et l’entrepreneuriat, les créateurs veulent mettre en lumière le curé, un Français devenu hôtelier et une figure phare des Premières Nations.

Leurs livres, d’une qualité visuelle recherchée, ont été conçus avec la contribution de Catherine Dubé aux illustrations, de Delphie Côté-Lacroix (l’illustratrice de Simone Simoneau, écrit par la mairesse de Montréal, Valérie Plante, elle-même originaire de Rouyn-Noranda en Abitibi) au graphisme et au mentorat, ainsi que Geneviève Bigué, descendante du docteur Bigué. « C’est mon arrière-grand-père », précise-t-elle.

Ayant déjà fait des illustrations pour Amos vous raconte dans le passé, elle ne s’est pas fait prier pour contribuer au livre sur son aïeul. « J’étais vraiment contente de pouvoir illustrer l’histoire de mes ancêtres, dit Geneviève Bigué. J’avais accès aux photos du patrimoine familial pour m’inspirer. En plus, mes parents étaient déjà fans d’Amos vous raconte : ils y allaient chaque été ! »

  • Émery Sicard, de la série Amos vous raconte

    PHOTO FOURNIE PAR LA MAISON D’ÉDITION

    Émery Sicard, de la série Amos vous raconte

  • Madame Croteau, de la série Amos vous raconte

    PHOTO FOURNIE PAR LA MAISON D’ÉDITION

    Madame Croteau, de la série Amos vous raconte

  • Docteur Bigué, de la série Amos vous raconte

    PHOTO FOURNIE PAR LA MAISON D’ÉDITION

    Docteur Bigué, de la série Amos vous raconte

  • Hector Authier, de la série Amos vous raconte

    PHOTO FOURNIE PAR LA MAISON D’ÉDITION

    Hector Authier, de la série Amos vous raconte

  • Capitaine Yergeau, de la série Amos vous raconte

    PHOTO FOURNIE PAR LA MAISON D’ÉDITION

    Capitaine Yergeau, de la série Amos vous raconte

1/5
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
Consultez le site web du projet de livres