Premier Essai, c’est l’incroyable histoire de Théo, quart-arrière des Aigles du collège Jean-Eudes, et de Carl, son père. L’action se déroule à l’automne 2018, Théo rêve de gagner le championnat de football, le Bol d’or, et Carl, en père supporter, espère que son fils réalisera cet exploit. Un projet de roman père-fils qui a pris forme durant la pandémie. Rencontre.

Ce livre écrit à « deux fois deux mains » alterne entre le point de vue du fils et celui du père. Les deux narrateurs nous plongent dans leur passion pour le football, dans une histoire très inspirée de la réalité. Le sport prend d’ailleurs des allures de véritable tragédie où la vie de Théo est en jeu lors des matchs disputés. Rien de moins.

« Cet automne-là, en 2018, j’avais l’impression d’être dans un roman ! », lance Carl Leblanc, écrivain et cinéaste (Perdre Mario).

Le football, c’est la quintessence du sport, la plus authentique reconstitution de la condition humaine. C’est le sport le plus tragique et le plus collectif. Comme dans la vie, on passe à travers toutes les émotions dans un match de football, ce sont des montagnes russes, il y a du désespoir, de la joie, de la colère…

Carl Leblanc

Pour Théo Leblanc, le football, un sport qu’il a pratiqué durant huit saisons, c’est beaucoup de résilience, de persévérance, de préparation physique et mentale. Mais c’est avant tout des amitiés qui se sont créées, pour la vie. « J’ai beaucoup appris des relations interpersonnelles, de l’importance de l’amitié. On dit souvent que tous les jeunes devraient pratiquer un sport d’équipe. Ce n’est pas simplement pour faire du sport, mais pour apprendre à vivre ensemble. J’ai eu des coéquipiers extraordinaires et des coachs dévoués qui ont misé sur l’esprit d’équipe, un élément déterminant », dit celui qui vient de célébrer ses 20 ans.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Théo et Carl Leblanc

Voir son fils grandir

C’est Sophie, mère de Théo, qui a eu l’idée de ce livre pendant la pandémie. Elle a tout simplement suggéré de raconter cette histoire hors de l’ordinaire, ce qui constituait un beau projet d’écriture et une grande première pour Théo, étudiant en psychologie à l’Université de Montréal.

« Tout s’est joué dès le premier chapitre. C’était peut-être un test, car s’il n’avait pas été prometteur… », dit Théo en riant en s’adressant à son père. « On a écrit nos chapitres chacun de notre côté, comme deux narrateurs. Théo s’est rendu compte que c’était tout un travail d’écrire un livre ! », sourit le père qui a déjà publié plusieurs romans.

Premier essai, c’est aussi le regard tendre du père qui voit son fils grandir et devenir un homme. C’est un père dévoué, inquiet, qui assiste à tous les matchs, l’estomac noué par la peur et l’excitation. « Il y a quelque chose de la cérémonie des adieux dans cette histoire, d’abord pour Théo avec la fin de l’école secondaire, il devient un adulte. Et pour moi aussi, lorsque je vois mon fils sur le terrain gérer une attaque contre l’équipe adverse qui veut sa mort en match de finale. C’est comme si les parents des jeunes soldats pendant la guerre de 1939-1945 avaient eu des gradins pour voir leurs enfants à la guerre. Je sais que la métaphore de la guerre est présente dans le livre et il ne faut pas en abuser, mais il passe à travers tout ça avec un tel sang-froid que je le regarde autrement ! Il y a cette volonté d’observer ce tournant dans nos vies, au-delà du sport », confie Carl Leblanc.

Beaucoup de parents vont se retrouver dans ce roman où la fierté s’entremêle avec le doute. Les Aigles du collège Jean-Eudes vont-ils vraiment y arriver ? Faut-il croire en eux ou baisser les bras ? Est-ce possible qu’ils remportent le Bol d’or alors que les statistiques laissent présager le contraire ?

« On se dit qu’il faut avoir la foi ! Nous sommes chanceux d’avoir vécu de telles aventures. On peut en inventer, des histoires, mais quand la vie réelle nous en offre des exceptionnelles, il faut les raconter ! On a traversé une séquence de vie avec de multiples émotions, et on souhaite que tous les parents du monde aient ce luxe d’être des fous comme nous dans les gradins ! », estime le père du quart-arrière, qui précise qu’il en est aussi le chauffeur.

Cette histoire restera gravée dans leur mémoire toute leur vie. Ce que le père a appris à travers tout ça ? « J’ai appris à admirer tous ces garçons formidables. Évidemment, on est fiers de ses enfants, on les aime inconditionnellement, mais quand ils sont en train de devenir des adultes et qu’on découvre qu’ils assument, c’est beau et c’est admirable. On se dit alors qu’on est en train de passer dans le camp des vieux et que le monde leur appartient ! »

Premier Essai

Premier Essai

Éditions Hurtubise

274 pages