Les libraires ont dévoilé les six livres de l’année mercredi soir, au Club Soda, lors d’un gala qui a marqué le retour en présentiel de cette soirée de récompenses littéraires au cours de laquelle La fille d’elle-même, de Gabrielle Boulianne-Tremblay, s’est démarqué dans la catégorie roman-nouvelles-récit québécois.

Paru chez Marchand de feuilles, La fille d’elle-même est le premier roman de Gabrielle Boulianne-Tremblay. Mais c’est surtout la première autofiction québécoise à aborder la question de la transidentité à travers l’histoire d’une petite fille qui naît dans un corps de garçon – de son adolescence jusqu’à ce qu’elle se donne naissance à elle-même. Le roman sera d’ailleurs adapté en série télévisée et la traduction anglaise est prévue pour 2023.

« D’aussi loin que je me souvienne, l’écriture était pour moi une passion. J’ai commencé à écrire à 11 ans et je suis toujours fascinée par le pouvoir des mots et des histoires. Ce prix signifie que tout est possible pour la petite fille de Charlevoix qui rêvait de vivre de sa passion », a confié avec émotion Gabrielle Boulianne-Tremblay à La Presse. « Il ne faut jamais, jamais désespérer, il faut croire en soi, en ses rêves, parce que ce roman a pris 15 ans à naître au monde et, pendant des années, j’ai douté de cette histoire. Je suis tellement contente qu’elle rejoigne autant la communauté queer que le grand public. »

Quand je pense à tous ceux et celles qui ont gagné le prix – Dany Laferrière, Marie Laberge, Michel Tremblay, Kim Thúy –, je me sens honorée d’être dans la constellation des romans d’auteurs et d’autrices qui m’ont enseigné la littérature à travers leur talent, leur passion des mots.

Gabrielle Boulianne-Tremblay

Du côté des essais québécois, c’est Camille Toffoli qui a remporté le vote des libraires pour Filles corsaires, un recueil de textes qui s’articule autour de réflexions philosophiques mêlées de portraits et d’anecdotes , paru aux Éditions du Remue-Ménage.

La cofondatrice de la librairie féministe L’Euguélionne a précisé que cet essai né sous forme de chroniques publiées dans la revue Liberté a été écrit sur plusieurs années. « C’est particulièrement significatif pour moi que mon travail soit reconnu par les libraires. Ce n’est pas souvent que des libraires écrivent, mais comme je le mentionne dans l’avant-propos du livre, je ne pense pas que j’aurais été capable de l’écrire dans un autre contexte. C’est le travail en librairie qui m’a aidée à développer ce rapport avec la littérature », a-t-elle souligné.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, LA PRESSE

Billy Robinson, Gabrielle Boulianne-Tremblay, Camille Toffoli, Camille Readman Prud’homme et Jean-Paul Eid.

Le petit astronaute récompensé

Jean-Paul Eid a également été récompensé dans la catégorie bande dessinée québécoise pour Le petit astronaute (paru chez La Pastèque).

Le bédéiste a confié à La Presse que ce livre « très personnel », qui raconte l’histoire lumineuse d’un garçon atteint de paralysie cérébrale et de sa famille, est « un peu à part » dans sa bibliographie alors que son œuvre n’est généralement pas portée vers l’autofiction. « Ce prix me touche au cœur, vraiment, parce qu’il vient des libraires. Les libraires, c’est un peu la première ligne, ceux qui prennent les lecteurs par la main et qui les aiguillent vers la bonne nouvelle, vers la rumeur, vers des perles, des pépites », a affirmé M. Eid.

Initialement, je pensais que c’était une histoire qui aurait une portée presque confidentielle à cause du sujet. Je me disais que ça allait probablement toucher surtout les gens qui ont été exposés au handicap, alors que non, du tout, ça a rayonné de façon universelle ici comme à l’étranger ; j’ai reçu des montagnes de témoignages plus bouleversants les uns que les autres. Donc, que ça soit consacré par un prix des libraires, pour moi, c’est la concrétisation de tout ça.

Jean-Paul Eid

En poésie québécoise, la Montréalaise Camille Readman Prud’homme s’est distinguée avec son premier recueil, Quand je ne dis rien je pense encore (L’Oie de Cravan).

Deux titres étrangers ont également été choisis par les libraires du Québec : Notre part de nuit, de Mariana Enriquez (Du sous-sol), dans la catégorie roman-nouvelles-récit, et René. e aux bois dormants, d’Elene Usdin (Sarbacane), dans les bandes dessinées.

Le Prix d’excellence remis au libraire qui a marqué l’année a quant à lui été décerné à Billy Robinson, de la Librairie de Verdun, pour souligner son travail exceptionnel.

Depuis 1994, le Prix des libraires du Québec récompense des titres dans six catégories, choisis par des libraires de tout le Québec en provenance des librairies indépendantes, chaînes et coopératives en milieu scolaire. Près de 250 personnes étaient présentes au gala qui a été ponctué par la musique de l’artiste montréalais William Papillon et des lectures d’extraits des titres finalistes par les comédiens Charles Buckell-Robertson, Bruno Marcil, Pascale Montpetit et Catherine Souffront.

La lauréate de la catégorie roman-nouvelles-récit québécois se voit décerner une bourse de 10 000 $ par le Conseil des arts et des lettres du Québec, alors que la lauréate de la catégorie essai québécois recevra une bourse de 5000 $ du Conseil des arts de Montréal. Une bourse de 3000 $ est par ailleurs offerte à la lauréate de la catégorie poésie québécoise par le Festival de la poésie de Montréal, tandis que l’Association des libraires du Québec accorde une somme équivalente au lauréat de la catégorie bande dessinée québécoise.

Consultez le site du Prix des libraires du Québec