Quelques suggestions de bandes dessinées à découvrir.

Notre choix : Éclipse totale

  • Extrait de Chanson noire


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    Extrait de Chanson noire

  • Extrait de Chanson noire

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    Extrait de Chanson noire

  • Extrait de Chanson noire

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    Extrait de Chanson noire

  • Extrait de Chanson noire

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    Extrait de Chanson noire

  • Extrait de Chanson noire

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    Extrait de Chanson noire

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Quelque part (ou nulle part) au Québec, dans les années 1970. Un couple s’installe dans une vieille maison décrépite à la campagne. Elle veut écrire un livre. Il est bédéiste. Elle a habité jadis entre ces murs chambranlants, mais les habitants du village ne sont pas trop chauds à l’idée de voir une « Indienne » s’installer chez eux. Leur comportement devient de plus en plus bizarre ; la maison, elle, devient de plus en plus étouffante… Jusqu’à ce que tout bascule, un soir d’éclipse.

Après avoir illustré avec beaucoup de succès le roman Aliss de Patrick Senécal, le bédéiste Jeik Dion revient avec un album entièrement de son cru, mais plongé dans la même ambiance angoissante. Ici, l’horreur s’immisce dans les rêves. L’onirisme est bien présent, mais on ne peut plus sinistre, si bien que le lecteur ne sait jamais trop s’il est dans le monde du rêve ou dans celui, guère plus rassurant, du réel.

Jeik Dion réussit à distiller dans ces pages l’ambiance inquiétante des romans d’horreur sans verser dans le sanguinolent. Comme Dan et Jeannine dans leur maison suffocante, on manque d’air en parcourant ces cases dessinées avec beaucoup de caractère, où les couleurs (s’) éclatent. On voudrait fuir, mais quelque chose nous garde là, en haleine. Une belle réussite.

Chanson noire

Chanson noire

Glénat

96 pages

7/10

Quête initiatique

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Extrait de l’album Tananarive

Depuis des années, Amédée boit comme du petit-lait les récits fantastiques de son grand voyageur de voisin, Joseph. Quand ce dernier passe l’arme à gauche, un doute s’installe dans l’esprit d’Amédée, notaire à la retraite depuis belle lurette. Pour la première fois de sa vie, il va quitter ses pantoufles et sortir de sa commune pour tenter de remonter le fil de l’existence de son mystérieux voisin. Un périple qui mènera Amédée à d’étonnantes découvertes, notamment sur lui-même.

Cet album réjouissant prend rapidement les allures d’un road trip qui fleure bon l’exotisme pour Maître Petit-Jean, même si les girafes et les lions ne sont que le fruit de son imagination. Pour le lecteur toutefois, le bonheur est bien réel grâce à ce récit plein de tendresse, qui nous tient en haleine jusqu’à la dernière case. Une bande dessinée d’une grande humanité, menée rondement et portée par un dessin (signé Sylvain Vallée) d’une grande vivacité.

Tananarive

Tananarive

Glénat

116 pages

8/10

Un autre classique signé Orwell

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Extrait de l’album La ferme des animaux

Après 1984, voici que l’attention des bédéistes se porte sur l’autre roman phare de George Orwell, La ferme des animaux. L’illustrateur brésilien Odyr en avait proposé une relecture colorée — pas très bédé dans la forme – l’automne dernier chez Grasset. Maintenant, c’est le tandem Rodolphe et Patrice Le Sourd qui s’y attellent pour Delcourt. Le format est plus condensé et approfondit moins la réflexion politique de ce récit où, après avoir chassé le fermier, symbole de l’oppression et de l’exploitation animale par l’être humain, les animaux recréent leur propre système qui n’aura bientôt d’égalitaire que le nom…

Le style est précis et les grandes lignes du récit y sont : on suit la prise de pouvoir des porcs sur les autres animaux de la ferme et en particulier la manière avec laquelle ils réécrivent l’histoire à leur guise, à l’image d’une dictature et du monde aussi décrit par Orwell dans 1984. Le procédé est grossier, mais toute cette histoire n’est-elle pas un miroir grossissant des manipulations politiques et de l’idéal communiste qui vire au totalitarisme ? Les raccourcis n’altèrent pas l’habileté de cette adaptation visuellement convaincante, qui garde l’essentiel de la pensée qui traverse le roman.

La ferme des animaux

La ferme des animaux

Ex-Libris

Delcourt
48 pages

7/10

Le mystère des Toutes

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Extrait de La part merveilleuse, tome 1

Au début, les Toutes ont suscité curiosité et émerveillement, mais rapidement, ces créatures pacifiques, venues d’on ne sait où, sont devenues banales sur Terre. Banales et parfois encombrantes pour les humains toujours pressés. Pour le jeune Orsay, jardinier dans un petit village champenois, la rencontre avec un Toute étrangement agressif va tout changer. Son destin va basculer, pour le meilleur et pour le pire.

Ce conte futuriste écrit et dessiné à quatre mains par Ruppert et Mulot (un duo à qui on doit notamment La grande odalisque avec Bastien Vivès) nous transporte dans un univers pas si loin du nôtre, où la différence dérange et où le militantisme se radicalise. Pour sauver les Toutes, certains humains sont prêts à tout, y compris à tuer leurs semblables. Mais ces Toutes sont-ils aussi inoffensifs qu’on le croyait ?

Des cases d’une grande beauté — en particulier celles qui nous mènent au cœur des Toutes — apportent une touche d’onirisme à cet album envoûtant, premier tome d’un triptyque annoncé où la violence et la douceur cohabitent harmonieusement.

La part merveilleuse, T.1 : Les mains d’Orsay

La part merveilleuse, T.1 : Les mains d’Orsay

Dargaud

154 pages

7/10

Autres sorties

Je prends feu trop souvent

Je prends feu trop souvent

Je prends feu trop souvent

Station T éditeur

204 pages

L’illustratrice Charlotte Gosselin livre ici un premier roman graphique intimiste où il est question de détresse psychologique, d’anorexie et d’automutilation, mais aussi d’amour et d’amitié. Un récit au « je » très touchant, signé par une autrice qui n’a pas peur de lever le voile — en mots et en images — sur la réalité de ceux qui souffrent de problèmes de santé mentale.

Le monde sans fin

Le monde sans fin

Le monde sans fin

Dargaud

196 pages

Cet album né de la rencontre entre un bédéiste (Blain) et un éminent spécialiste des questions liées à l’énergie (Jancovici) vulgarise avec succès les enjeux énergétiques et climatiques auxquels l’humanité doit aujourd’hui faire face. Instructif, même si la finale — un plaidoyer clair pour le nucléaire — a de quoi laisser perplexe sur la neutralité des auteurs.

Saint-Elme, T. 2 : L’avenir de la famille

Saint-Elme, T. 2 : L’avenir de la famille

Saint-Elme, T. 2 : L’avenir de la famille

Delcourt

80 pages

Le deuxième tome de cette série noire aux dessins hallucinés (signés Frederik Peeters) vient de sortir. C’est l’occasion, si ce n’est déjà fait, de découvrir ce polar illustré qui emprunte par moments à l’ambiance étrange de Twin Peaks. On a dévoré ! À noter : l’album a été sélectionné au dernier festival d’Angoulême et ce n’est pas un hasard !