Ça commence plutôt bien. Un style limpide. Du rythme. Et surtout, un sujet qui intrigue : elle a la jeune vingtaine. Il va sur ses 72 ans. Ils s’aiment d’un amour interdit. Elle, c’est « Claire », jeune étudiante en droit.

Lui, c’est François Mitterrand, président de la République française. Pendant six ans, ils vont avoir une relation, à l’insu des médias. Une histoire complètement folle. C’est le « dernier secret » de Mitterrand, qui n’en est pourtant pas à une double vie près. Comment trouve-t-il le temps et la force de fréquenter cette jeunesse qui ne sait rien de la vie ? De lui rendre visite, de l’emmener en voyage, de l’inviter au restaurant ? C’est la question qu’on se pose en lisant ce drôle d’objet littéraire, signé Solenn De Royer, journaliste du Monde. Récit fascinant, bien qu’à la longue, on se lasse.

Cet amour clandestin est impossible pour d’évidentes raisons. Cinquante ans les séparent, un monde les sépare. Tout cela finit par tourner en rond. Plus dérangeant : l’autrice a choisi de reproduire des scènes et de recréer de toutes pièces des dialogues, parfois intimes, entre les deux tourtereaux. Cela donne lieu à des échanges parfois gênants. Qu’une journaliste révèle cette histoire étonnante est digne de mention. Le livre a été reçu en France comme un bel ajout au puzzle mitterrandien, véritable sphinx de la politique française.

Qu’elle en fasse un roman Harlequin est plus discutable. La sauce – sucrée – s’étire. Moment de grâce, tout de même : un soir, Claire ouvre ses vieilles boîtes à la demande de l’autrice. Elle en sort une pile de cassettes de répondeur, conservées là depuis la mort du président, en 1996. On peut y entendre tous les messages que ce dernier lui a laissés. La preuve ultime que leur histoire était vraie et que Mitterrand, même vieux, même « surbooké », était un amoureux professionnel.

Le dernier secret

Le dernier secret

Grasset

5/10