L’auteur Martin Michaud ne nous aura pas laissés longtemps sans nouvelles de Victor Lessard et Jacinthe Taillon. Après Ghetto X, paru il y a deux ans, puis des textes sur la quatorzaine des deux héros confinés, publiés l’an dernier sur sa page Facebook, voilà déjà un nouveau polar mettant en scène ce « vieux couple » de la police qui n’a rien perdu de son mordant.

Dans Jusqu’au dernier cri, les deux policiers du SPVM enquêtent loin de Montréal et de leur territoire. C’est un roman actuel, où il est question des répercussions de la pandémie dans un monde « qui est en train de changer ». Martin Michaud multiplie les références à l’actualité – notamment sur les théories du complot, la détresse des jeunes qui ont gardé le sentiment d’avoir été sacrifiés pendant la pandémie – et fait même mention de l’attaque du Capitole pour construire une intrigue collée à la réalité et d’autant plus intéressante.

Alors que Jacinthe Taillon attend un diagnostic dont elle ne veut rien savoir, le sergent-détective reçoit un appel de la GRC du Nord-du-Québec. Dans les installations d’une mine de Matagami, un preneur d’otages retient huit personnes et refuse de négocier avec toute autre personne que Victor Lessard. Celui-ci doit donc se rendre sur place de toute urgence, accompagné de sa partenaire qui préfère s’attirer des ennuis plutôt que de faire face aux coups de fil de son médecin.

Les deux policiers se retrouvent ainsi à rechercher une valise convoitée par des trafiquants d’opium prêts à tuer pour récupérer ce qui leur a été dérobé. On renoue avec le demi-frère de Victor Lessard, Abel Parker, qui avait été au cœur de Ghetto X, avec les incertitudes de l’enquêteur et les répercussions de sa dernière affaire ; mais aussi avec l’humour sardonique de Jacinthe Taillon, qui réussit en tout temps à alléger l’atmosphère pesante qui aurait sinon envahi ce polar situé dans un décor de bout du monde, digne de la première saison de La Faille. Car on parle de lieux isolés, au fin fond d’un territoire hostile où l’on peut mourir en attendant l’arrivée des secours ou disparaître dans la poudrerie. Comme les deux partenaires, on se raccroche nous aussi « à ces joutes verbales, cet humour mâtiné de sarcasme » dont Jacinthe a le secret et qui leur permet de tenir le coup alors qu’ils risquent, une fois de plus, de laisser leur peau dans cette affaire, ciblés par des criminels lourdement armés.

Même s’il ne nous réserve pas de grande surprise ou de rebondissement spectaculaire, Jusqu’au dernier cri reste un roman policier captivant où l’on se plaît, en bonne compagnie, à retrouver une forme de justice dans un monde empreint de noirceur.

En librairie le 20 octobre

Jusqu’au dernier cri

Jusqu’au dernier cri

Libre Expression

304 pages

7/10