Le premier livre de Nana Quinn, lauréate du prix de poésie de Radio-Canada en 2020, laisse voir une voix poétique forte et maîtrisée. C’est le recueil d’une femme qui atteint une clairière après avoir connu le miracle d’une extirpation d’une aiguille qui a perforé son innocence dans une « histoire en forme de cercueil » dont elle réussira à s’éloigner. De sa gorge nous parvient un cri bleu de blessures et rouge de sang.

Cette relation « amoureuse » était finalement une « imprudence », comprend-on à demi-mots, mais qui, surtout, cachait l’hypocrisie, la cruauté et la violence d’un homme exprimée dans ce qui « n’est pas exactement une caresse ».

La poète mélange habilement les éléments du quotidien à des images plus évocatrices : « l’échafaud vivant du désir ». Elle parle des jeux de l’enfance autant que des mensonges adultes, de sa confiance aveugle en l’amour et de la dureté des coups reçus, entre raison et déraison.

« Je suis une femme battue/ce n’est pas un poème/c’est une déclaration d’amour ».

Cette écriture de l’intime sait tout de même conserver une saine pudeur. Elle affiche toute sa grandeur d’âme en suggérant que la poésie peut toujours sauver de l’abîme.

Nana Quinn suit parfaitement le chemin tracé par les poètes québécoises qui ont libéré la parole des femmes avant elle. Celles qui traversent la peur et la souffrance non sans peine, mais avec un courage capable « d’avaler », au sens figuré, l’hommerie.

Mauve est un verbe pour ma gorge

Mauve est un verbe pour ma gorge

Poètes de brousse

96 pages

7/10