Que Sylvain Neuvel (Les dossiers Thémis) ait été recruté pour participer au premier recueil publié sous la bannière Black Mirror n’étonne pas quand on lit L’examen. Son court roman aurait pu être le scénario d’un épisode de la série britannique qui anticipe avec une cruauté malicieuse la place de la technologie dans nos vies.

Le récit d’une centaine de pages tourne autour d’un test que le gouvernement britannique fait passer à ses candidats à l’immigration. Ici, c’est Idir, dentiste originaire d’Iran, qui doit répondre aux 25 questions de l’examen, dans l’espoir que sa famille et lui puissent vivre libres dans ce pays visiblement très scrupuleux dans le choix de ses citoyens.

L’amorce du roman est bien inoffensive : Idir réfléchit tout haut aux questions qu’on lui pose, trouvant tout facile. Il a même le loisir de se demander en quoi connaître la date d’un soulèvement ayant eu lieu plusieurs siècles auparavant peut bien faire de soi un meilleur immigrant. Jusqu’à ce que l’examen prenne une tournure inattendue. Et tragique.

Neuvel (qui est né au Québec, mais écrit en anglais) se montre fort habile dans L’examen. En plus du suspense qu’il installe, il soupèse avec beaucoup d’adresse les enjeux idéologiques, politiques et moraux que sous-tend son récit. Idir, au fond, ne subit pas un test pour savoir s’il connaît l’histoire et les valeurs de la société britannique, il est plutôt manipulé pour que les autorités sachent si ses sentiments profonds et ses instincts correspondent à ce que ce pays attend de ses citoyens.

La nuance est capitale. Et pousse à des logiques extrêmes. C’est cette réflexion et ses conséquences terribles qui hissent ce court roman parmi les dystopies qui pèsent plus lourd qu’un ingénieux divertissement. Les fans de Black Mirror, entre autres, risquent d’apprécier.

IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

L’examen de Sylvain Neuvel

L’examen
Sylvain Neuvel
Le livre de poche
128 pages
★★★½