Français installé au Québec depuis une quinzaine d’années, où il demeure près de la rivière Mistassini, Julien Gravelle a publié deux romans de l’autre côté de l’océan, ainsi que le recueil de nouvelles Debout sur la carlingue, chez Leméac, en 2015.

Avec Les cowboys sont fatigués, il plonge dans l’univers du roman noir et du polar qu’on pourrait dire « du terroir », où se croisent monde interlope, communautés reculées, personnages paumés et grands espaces québécois balayés par les vents d’hiver, le tout saupoudré d’une bonne dose d’humour grinçant.

Rozie, le personnage principal, aurait bien envie de passer à autre chose, alors que le poids des années commence à se faire sentir. Fabricant de « pinotte » pour de petits voyous aux manières rustres, il est de plus en plus accablé par la routine monotone de son existence. On ne sait pas trop comment ce Français, qui vit en solitaire avec ses chiens de traîneau dans un coin perdu au nord du Lac-Saint-Jean, a atterri là, mais on comprend vite qu’il n’a pas trop eu le choix. Son quotidien bien organisé bascule lorsque le chef de la gang qui l’a sous son joug est abattu par une Amérindienne, pour des motifs obscurs. Alors qu’il risque de perdre le peu qui lui reste – sa vie –, le personnage, qui n’a au fond rien d’un dur à cuire, s’embarque dans une quête qui semble perdue d’avance pour lui et ses vieux os.

Au fil des pages, on fait la rencontre d’une galerie de personnages colorés et mal dégrossis, à la fois pitoyables et touchants, petits criminels de fond de rang prêts à tous les coups bas pour avoir leur heure de gloire. On entre avec plaisir dans ce roman qu’on ne lâche plus, porté par une langue vivace et authentique, empreinte d’oralité, avec son action bien ficelée aux revirements assez surprenants.

IMAGE FOURNIE PAR LEMÉAC

Les cowboys sont fatigués, de Julien Gravelle

Les cowboys sont fatigués
Julien Gravelle
Leméac
186 pages
★★★½