Dans Dévorés, d’énormes guêpes anthropophages émergeant des tréfonds de la terre provoquent la chute de la civilisation moderne et déciment l’humanité. Avec Métamorphoses, la suite de ce récit de science-fiction aussi fascinant que haletant, Charles-Étienne Ferland nous transporte dans l’après, alors qu’émerge une nouvelle menace, un être humanoïde assoiffé de sang.

« Ce n’est pas la fin du monde », lançait le personnage d’Hana à Jack, amoureux éconduit et antihéros de Dévorés, ironiquement le jour même où des guêpes de taille gargantuesque émergeaient de terre, détruisant en quelques jours à peine les récoltes mondiales et semant le chaos à l’échelle planétaire. Ce n’était que le début, car la mystérieuse espèce, subissant une mutation, s’en prend ensuite à une nouvelle proie : l’homme.

Alors que dans Dévorés, nous suivions les pérégrinations de Jack – de sa survie avec un groupe, dont Frank, son meilleur ami de toujours, dans leur appartement jusqu’à sa rencontre avec le professeur Wallace et ses recherches afin de percer le mystère de cette nouvelle race de guêpes anthropophages –, Métamorphoses nous transporte un an après l’infestation.

Les survivants s’organisent en différents groupes, et les guêpes, qui ont été en hibernation tout l’hiver, recommencent à faire des leurs. Certains cherchent des façons d’éliminer le dangereux prédateur, alors que différentes factions et milices se forment – dont une secte qui vénère la nouvelle espèce. On y retrouve un Jack transfiguré, lui qui avait découvert dans Dévorés le merveilleux élixir dont se nourrissent les guêpes, un champignon qui pour produire son nectar a besoin de... sang.

Le merveilleux monde des insectes

Invraisemblable, tout ça ? Moins qu’il n’y paraît. Entomologiste de formation, Charles-Étienne Ferland en connaît un bail sur les insectes. Son mémoire de maîtrise en écologie des insectes était d’ailleurs consacré à examiner la relation entre une guêpe et sa proie.

PHOTO TRINA KOSTER, FOURNIE PAR LES ÉDITIONS L’INTERLIGNE

L’auteur Charles-Étienne Ferland nous revient avec Métamorphoses, la suite de son premier roman, Dévorés.

« Mais cette fois-ci, la guêpe est notre alliée, une guêpe qu’on dit parasitoïde, qui va pondre ses œufs dans les larves de mouches nuisibles, dans les productions de canola. La guêpe va se développer à l’intérieur de la larve... Un peu comme dans le film Alien, de Ridley Scott ! », détaille l’auteur, joint en France où il a emménagé avec sa femme d’origine française il y a quelques mois.

Tout dans Dévorés et Métamorphoses a un fondement biologique. Je pourrais même dire que je n’ai rien inventé ! En changeant seulement quelques paramètres de la science, on bascule assez rapidement dans la science-fiction.

Charles-Étienne Ferland

Ainsi, ajoute ce passionné de science-fiction sous toutes ses formes, que ce soit la littérature, les séries télé ou les jeux vidéo, il existe des insectes qui s’abreuvent de sang humain – il suffit de penser aux satanés moustiques ! – ou qui utilisent un corps étranger pour se reproduire. « Disons que dans mes romans, les proportions sont seulement inversées ! »

Alors qu’il a lui-même imaginé une façon dont la survie de l’humanité pourrait être en péril, aurait-il pu anticiper qu’une pandémie mondiale causée par un virus nous tomberait sur la tête en 2020 ? « Vraiment pas ! s’exclame-t-il. Je ne l’ai pas vue venir, comme la plupart des gens. »

La quête de Jack

Dans Dévorés, Jack fomentait un plan : atteindre l’île déserte Main Duck Island, située au large de Kingston dans le lac Ontario, où ses parents se dirigeaient avant l’infestation, espérant les y retrouver. Sa quête se poursuit dans Métamorphoses, non sans difficulté, car le monde de l’après n’a rien de bien accueillant avec une nouvelle menace qui plane, peut-être encore plus dévastatrice que les guêpes.

Si Métamorphoses est la suite de Dévorés, le roman se lit très bien sans avoir parcouru le premier, nous pouvons en témoigner. Mais soyez avertis : vous en sortirez sans doute, comme nous, avec l’envie de vous plonger dans Dévorés afin de connaître le commencement de cette prenante histoire, qui mélange science-fiction, roman d’aventures et roman initiatique, avec des clins d’œil à la mythologie du vampire et aux histoires de zombie.

D’ailleurs, la genèse de cette histoire est née d’une nouvelle, devenue un chapitre de Métamorphoses, nous apprend Ferland. C’est un cours de paralittérature, suivi alors qu’il terminait un bac en arts à l’Université d’Ottawa – avec majeure en études de l’environnement, mineure en biologie, le tout parsemé de cours de théâtre et littérature – qui l’a allumé sur le roman d’aventures, raconte-t-il. Comme quoi science et littérature peuvent faire bon ménage.

« Au départ, c’était une nouvelle en soi, avec le personnage de Jack. Puis, j’y suis allé à reculons pour écrire Dévorés, car j’avais tellement de choses à dire à propos de ce personnage, qui était finalement ce voyageur qui partait de Montréal et allait vers Kingston. Dévorés était l’histoire de Jack, pour pouvoir en arriver dans Métamorphoses avec ce personnage un peu sombre, portant un lourd passé, qui cherche aussi à se faire pardonner. »

Jack, c’est un personnage auquel, je crois, on peut s’identifier et qui montre que n’importe qui rencontrant des situations catastrophiques qui le dépassent peut être profondément changé.

Charles-Étienne Ferland

Métamorphoses se termine alors que Jack se rapproche afin de son but, dans une scène finale où le sang coule à flots et qui ouvre vers une suite. Le romancier nous confirme que les aventures de Jack n’en resteront pas là, mais dit aussi travailler à d’autres projets où, cette fois, il n’y aura pas d’insectes !

Métamorphoses, de Charles-Étienne Ferland, Éditions L’Interligne, 192 pages

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Métamorphoses, de Charles-Étienne Ferland