L’état de nos médias est l’un des thèmes forts de cette rentrée marquée par la publication d’un grand nombre d’essais. De la matière à réflexion pour traverser un automne qui s’annonce long.

La rentrée littéraire ne compte pas moins de quatre essais qui s’intéressent à l’état de nos médias, à commencer par celui du journaliste Mathieu-Robert Sauvé, qui s’interroge sur la pratique journalistique dans Le journaliste béluga (Leméac, en librairie). Début novembre, l’animatrice et productrice Marie-France Bazzo fera paraître Nous méritons mieux — Repenser les médias au Québec (Boréal, novembre), état des lieux accompagné d’un plaidoyer en faveur de « meilleurs » médias pour le Québec. Dans Fake news, le vrai, le faux et la science (MultiMondes, octobre), le chroniqueur scientifique Jean-François Cliche décortique de fausses informations dans un recueil de textes publiés d’abord dans le quotidien Le Soleil. Quant à Mickaël Bergeron, qui avait frappé fort avec La vie en gros, son essai sur la grossophobie, il revient avec Tombée médiatique (MultiMondes, octobre), dans lequel il dégage trois axes pour repenser les médias et sortir de la crise : le modèle de financement, la responsabilité sociale des médias et la diversité.

Joe le taxi…

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Nancy Huston fait paraître cet automne Je suis parce que nous sommes — Petites chroniques du printemps 2020.

Deux livres se penchent sur le monde du taxi cet automne. Dans Histoire du taxi à Montréal — Des taxis jaunes à Uber X (Boréal, octobre), le sociologue Jean-Philippe Warren brosse un portrait de l’industrie. De son côté, l’homme d’affaires Alexandre Taillefer raconte les coulisses de l’aventure Téo dans Réinventer le taxi — Les dessous de l’échec de Téo Taxi (Éditions La Presse, en librairie), rédigé avec l’aide du professeur à HEC Montréal Jean-François Ouellet.

La pandémie inspirera sans doute bien des écrivains. Nancy Huston est l’une des premières à plonger avec Je suis parce que nous sommes — Petites chroniques du printemps 2020 (Leméac, octobre), recueil de 18 textes écrits en confinement et d’abord publiés pour la plupart dans des journaux et des magazines. Le prolifique philosophe français Michel Onfray publie quant à lui La vengeance du pangolin — Penser le virus, chez Robert Laffont (octobre).

La pandémie, encore elle, nous a également forcés à réinventer des rituels. L’anthropologue Luce Desaulniers, sommité en la matière, propose Le temps des mortels — Éclairer le rite de deuil (Boréal). Autre effet collatéral de la COVID-19, l’explosion du temps passé devant les écrans. Un livre qui intéressera sûrement les parents qui ont bataillé avec l’encadrement de ce fléau : Enfants difficiles, la faute aux écrans ? (Écosociété, septembre). Enfin, même si elle n’a pas été inspirée par la pandémie et le confinement, la réflexion de Guillaume Asselin sur le syndrome d’enfermement et la tendance à vouloir se retirer du monde arrive à point dans l’essai Bunkers, l’archipel de la peur (Nota Bene, septembre).

Bon voisinage

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Le romancier américain Jonathan Franzen publie cet automne Et si on arrêtait de faire semblant ?, essai sur les changements climatiques.

Autre sujet qui risque de nous préoccuper au cours des prochaines semaines : l’élection présidentielle américaine. Le président de l’Observatoire des États-Unis et fondateur de la Chaire Raoul-Dandurand, Charles-Philippe David, fait paraître non pas un, mais deux livres sur nos voisins du Sud : L’effet Trump — Quel impact sur la politique étrangère des États-Unis (Presses de l’Université de Montréal) et Comment Trump a-t-il changé le monde ?, aux éditions CNRS, avec la collaboration d’Élisabeth Vallet, directrice de l’Observatoire de géopolitique et professeure en études internationales au Collège militaire royal de Saint-Jean. À noter que cette dernière publie aussi une réédition de Comprendre les élections américaines, la course à la Maison-Blanche (Septentrion). On sera bien équipés pour la soirée électorale du 3 novembre.

Parlant des États-Unis… L’essayiste Mathieu Belisle, qui a signé l’excellent essai Bienvenue au pays de la vie ordinaire, nous revient avec L’empire invisible (Leméac, octobre), réflexion sur l’Amérique. L’infatigable Alain Denault publie quant à lui Bande de colons : une mauvaise conscience de classe (Lux), dans lequel il revisite le récit national de la colonisation. Le romancier américain Jonathan Franzen a pour sa part délaissé la fiction le temps d’écrire un essai sur les changements climatiques, Et si on arrêtait de faire semblant ? (Éditions de l’Olivier, octobre).

Histoires de vies

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Laure Adler publie cet automne son carnet La voyageuse de nuit, réflexion sur le vieillissement.

Parmi les biographies qui se retrouveront sur les rayons des librairies, on retrouve un duo improbable : la journaliste Judith Lussier, qui signe La passionaria (Flammarion Québec, octobre), biographie de l’ex-ministre et pionnière dans le monde des médias Lisa Frulla. La journaliste et féministe Pascale Navarro nous offre quant à elle un ouvrage plus intimiste que ses précédents livres. Dans La menthe et le cumin (Leméac, septembre), elle nous propose un parcours autobiographique à travers le patrimoine culinaire familial. On peut aussi raconter la vie de quelqu’un à travers ses écrits. C’est ce que fait George Woodcock dans Orwell à sa guise — La vie et l’œuvre d’un esprit libre (Lux). Enfin, dans Elles se relèvent encore et encore — Les histoires de résilience des femmes autochtones (Hannenorak, septembre), Julie Cunningham donne la parole à celles qu’on entend trop peu souvent.

Du côté de la France, les Éditions du sous-sol ont eu l’excellente idée de traduire deux essais de Deborah Levy, Le coût de la vie et Ce que je ne veux pas savoir. Les lecteurs francophones auront donc le bonheur de découvrir cette formidable écrivaine américaine. Enfin, Laure Alder publie son carnet La voyageuse de nuit (Grasset, octobre), réflexion sur le vieillissement. On y reviendra assurément.