(Lille) Une arrière-petite-nièce d’Arthur Rimbaud, Jacqueline Teissier-Rimbaud, a dit vendredi son opposition à l’entrée du poète au Panthéon aux côtés de Paul Verlaine, une position partagée par l’association Les Amis de Rimbaud, alors qu’une pétition en ce sens a reçu le soutien appuyé de la ministre de la Culture.

Si les deux poètes font ensemble leur entrée au Panthéon, « tout le monde va penser “homosexuels”, mais ce n’est pas vrai. Rimbaud n’a pas commencé sa vie avec Verlaine et ne l’a pas terminée avec lui, ce sont juste quelques années de sa jeunesse », a estimé Jacqueline Teissier-Rimbaud, sollicitée par l’AFP.

« Rimbaud est né à Charleville-Mézières, il reste à Charleville-Mézières, avec toute sa famille », a-t-elle insisté, précisant que son fils et ses petits-enfants partageaient son point de vue.

L’arrière-grand-père de Jacqueline Teissier-Rimbaud était Frédéric, le frère aîné de l’auteur des Illuminations.

La position de l’association Les Amis de Rimbaud, qui compte 120 adhérents, rejoint celle de la famille Teissier-Rimbaud.

« De façon générale, les Amis de Rimbaud sont enclins à penser que ce qui est proposé ne convient pas au personnage d’Arthur », a indiqué à l’AFP son président Alain Tourneux.

« Associer Rimbaud et Verlaine de façon définitive, ad vitam aeternam, n’est pas envisageable, c’est sans doute exagéré », a-t-il estimé.

« Arthur Rimbaud avait rompu (avec Paul Verlaine) et ne voulait plus évoquer cette période des quatre années où il l’avait côtoyé. Il tenait absolument à vivre une autre vie, ce qu’il a fait en partant en Afrique », où il a vécu avec une jeune femme, a-t-il expliqué.

« Rimbaud est devenu par la force des choses une icône pour beaucoup d’homosexuels, mais s’en serait sans doute lui-même défendu », selon M. Tourneux.

« Rimbaud a voulu vivre intensément et a eu plusieurs vies, à tout point de vue », résume-t-il.

La ministre française de la Culture Roselyne Bachelot a apporté son soutien à une pétition en faveur de l’entrée d’Arthur Rimbaud et Paul Verlaine au Panthéon, soumise au président Emmanuel Macron.

« Le fait de faire entrer ces deux poètes qui étaient amants, oui, ensemble, au Panthéon aurait une portée qui n’est pas seulement historique ou littéraire, mais profondément actuelle », s’est enthousiasmée la ministre dans l’hebdomadaire Le Point.

À l’origine de cet « appel au président de la République », seul habilité à décider, se trouve un groupe d’intellectuels, académiciens et universitaires passionnés par les deux poètes.