Cela surprendra-t-il quelqu'un ? Les Altruistes du titre ne le sont pas. Altruistes, s'entend. Ils sont plutôt égoïstes. Égocentriques. Mesquins. Ils ont également été acclamés par la critique. Traduits en une vingtaine de langues.

L'homme qui les a couchés sur papier, le primo-romancier vingtenaire Andrew Ridker, a été qualifié de sensation littéraire. À sa lecture aussi, nous avons ressenti une sensation. De solide déception.

Loin de nous l'idée de dire que des personnages romanesques se doivent forcément d'être aimables (au secours, non). Mais aussi beiges ? Aussi désillusionnés ?

Dès la première page, on se dit : « Ces gens sont détestables. Hâte de savoir pourquoi. » À la page 200, on pense : « Ces gens sont détestables. Espérons qu'il y a une raison. »

Quand arrive la fin, on déteste déraisonnablement ces gens. Ils semblent se traîner les pieds dans la vie comme dans ce roman au rythme traînant.

Où une chicane de couple sur l'argent et la belle-maman peut s'étirer sur trois pages. Où devant une étagère remplie de céréales, houlala, tout ce choix typiquement occidental, un prof d'université raté (comme c'est original) regrette de ne pas vivre sous l'ex-régime soviétique. Où, oh oh oh, des gens instruits confondent la Zambie et le Zimbabwe. Où l'ensemble des dialogues et des situations semblent plaqués et « intelligents exprès ».

Exemple : « Il s'aperçut qu'il n'était pas simplement de ces hommes qui trompent leur femme mourante, il était de ceux qui ne peuvent pas s'arrêter. » Erh.

Certes, l'oeuvre a été placée dans la lignée de Philip Roth et de Jonathan Franzen. On objectera qu'il ne suffit pas de moquer le Midwest pour mériter ce titre. 

★★

Les Altruistes. Andrew Ridker. Éditions Rivages. 432 pages.