S’abreuvant à la mythologie grecque et aux grands classiques, Troies tisse sa toile romanesque en y apposant des touches de couleurs vives, comme autant d’émotions à fleur de peau, à la manière du peintre abstrait Cy Twombly, obsession de son héroïne, Éloïse.

Ce premier roman de l’autrice Geneviève-Anaïs Proulx nous aspire dans le sillon de cette jeune Montréalaise idéaliste, qui a décidé que son existence serait plus grande que nature, plus enivrante que tous les vins, plus réelle que la réalité même, et qui a érigé le désir en dieu païen. On suit sa quête d’absolu, qui passe par une fulgurance amoureuse et charnelle que rien ne semble éteindre, dans les rues, bars et cafés de la cité, qu’elle quadrille encore et encore, au bras de Cassandre, Vali, Gabriel, Marika…

Dans un récit qui mélange les époques (et dont on perd parfois le fil), et dans un style quelque peu ampoulé, elle retrace son envol, son trajet et sa chute, associant chaque époque à une couleur, alors que plane l’ombre de l’adolescente qu’elle a été et que se creuse en elle un trou béant de plus en plus impossible à combler, qu’elle camoufle à travers ses excès.

Chargé d’érotisme, Troies foisonne de références aux personnages des tragédies grecques, érigés en idoles, alors qu’Éloïse s’entête dans son impossible quête, causant des ravages sur son passage — aux autres, mais aussi à elle-même. À travers tout cela, l’autrice donne à lire un récit initiatique, qui pose la cruelle question : doit-on abandonner ses rêves de destin enflammé pour, enfin, peut-être, commencer à vivre ?

★★★

Troies. Geneviève-Anaïs Proulx. XYZ (collection Quai no 5). 280 pages.