L’écriture de James Lee Burke est comme un braqueur de banque en furie. Elle surgit, littéralement, dans notre esprit et bang ! bang ! bang ! Elle tire de partout, causant maints dommages et laissant à peine le temps de respirer.

Pour un nouveau venu, c’est notre cas, dans l’univers de James Lee Burke, ça peut être déroutant. Il faut avancer de quelques dizaines de pages pour bien saisir le style et démêler une histoire à couches multiples dans laquelle zigzaguent plusieurs personnages. Au point qu’il n’y a pas de honte à se crayonner un petit arbre généalogique sur un bout de papier pour être certain de ne rien manquer.

Mais une fois cela maîtrisé (vous y arriverez !), c’est plaisir garanti. En autant qu’on apprécie le genre policier avec sa trâlée de meurtres sordides, de violence, de sang.

IMAGE FOURNIE PAR RIVAGES/NOIR

Robicheaux, de James Lee Burke

C’est le cas avec ce roman qui se situe visiblement dans une saga dont l’aboutissement est à suivre.

La Louisiane post-Katrina

Dave Robicheaux est un policier louisianais en deuil de sa femme Molly, assassinée. Or, un matin, au lendemain d’une cuite, Robicheaux se retrouve être l’unique suspect du meurtre d’un homme… lui-même suspecté d’avoir tué Molly.

Tout en essayant de se disculper, Robicheaux et son collègue Clete tentent de mettre en échec Smiley, un tueur en série dont le sadisme n’a d’égal que sa capacité à ne jamais laisser de traces.

Le tout se déroule en pleine campagne électorale dans une Louisiane post-Katrina parfaitement décrite avec ses bayous mystérieux et dangereux, ses shotgun houses lugubres, ses alcools forts, ses racines acadiennes, ses épices, ses plats de gumbo et d’étouffées.

On adore les descriptions imagées de tous ces personnages tordus. Comme ici : « Étrangement, même s’ils ne se ressemblaient pas, Jimmy Nightingale et lui me faisaient penser à des serre-livres symétriques sur la même étagère. »

Aucun de ces personnages, même pas Robicheaux, n’a la conscience tranquille.

Un roman à lire dans le confort de son foyer, le dos au mur et les portes verrouillées.