Kim Dorland est un artiste canadien manifestement préoccupé par ce qui se passe dans le pays, présentement. Ses œuvres récentes sont exposées à la galerie montréalaise Patel Brown. C’est une belle occasion de découvrir son travail ou même de visiter une galerie si vous ne le faites pas souvent. Voici pourquoi.

Qui est Kim Dorland ?

C’est un artiste canadien, ce qui se perçoit souvent dans son travail, et clairement dans cette exposition. Déjà, les visiteurs de la galerie Patel Brown pourront se sentir interpellés lorsqu’ils verront bien en évidence cette représentation d’une forêt en feu. Kim Dorland est né en Alberta. Il vit et travaille maintenant à Toronto. En plus de ce lien avec la nature présent dans son œuvre, il y a cette représentation de la ville, la banlieue ordinaire où on retrouve ici des bagnoles qui ont l’air abandonnées, là un bac à recyclage qui traîne au milieu du paysage.

Quand on lit un peu sur lui et sa démarche, on se rend compte que le lien avec l’art canadien est indéniable ; il cite souvent le travail du Groupe des sept comme influence – il a d’ailleurs étudié à l’Emily Carr Institute of Art and Design de Vancouver.

Un artiste engagé

Cette exposition présente des œuvres de 2023. Artiste figuratif, Dorland travaille ses peintures avec des empâtements, donc en ajoutant de la texture, parfois vraiment beaucoup, à en créer de la confusion au premier regard. Certains diront que ça rend les œuvres plus dramatiques.

L’artiste est souvent dans le drame, justement. Celui qui s’impose. Kim Dorland, fin quarantaine, a depuis longtemps une forte préoccupation environnementale qui se reflète souvent dans son art.

PHOTO JEAN-MICHAEL SEMINARO, FOURNIE PAR LA GALERIE PATEL BROWN

Vue de l’exposition Is that it ?, à la galerie Patel Brown

Une galerie pour tous

Si vous ne fréquentez que rarement les galeries, ou pas du tout, c’est peut-être une bonne idée de commencer ici, chez Patel Brown. Lors de notre visite incognito, un mercredi après-midi, il y avait quelques personnes sur place, avec divers degrés de connaissance des lieux ou de l’artiste. Chacun des visiteurs était guidé par des explications sur l’artiste et son travail, offertes par l’équipe de la galerie. Un dialogue fort bienvenu et éclairant qui jette une autre lumière sur les œuvres de Kim Dorland.

Une œuvre accessible

Dorland est reconnu pour ses peintures, mais il utilise le numérique depuis une dizaine d’années. Et il l’a fait pour son Magnolia, qu’il offre en tirage limité de 100 impressions – la moitié en vente à la galerie Patel Brown de Montréal, les 50 autres, à celles de Toronto, au (petit) coût de 100 $. Elles sont signées et numérotées. Les profits de la vente iront à deux banques alimentaires, de Montréal (Bread and Beyond) et de Toronto.

« Je sais ce que c’est que d’aller à l’école le ventre vide et de manger du gruau trois fois par jour, parce que c’est tout ce qu’il y a », explique l’artiste dans la présentation de ce projet caritatif.

L’œuvre Magnolia, qui fait partie d’une série, représente une maison à l’heure bleue, moment charnière de la journée dont chacun décide s’il est rassurant ou inquiétant. Et c’est un peu le filigrane de l’œuvre de Kim Dorland : dans ce monde, ce pays, sommes-nous à un point de bascule ? Allons-nous tout droit dans le mur ? Est-ce que c’est ça qui est ça ?

Kim Dorland, Is this it ?, à la galerie Patel Brown, jusqu’au 11 novembre

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