Elle a beau avoir fait appel au doigté sûr du réalisateur émérite Jesse Harris (Madeleine Peyroux, Melody Gardot, Norah Jones), la Parisienne de 31 ans Gabrielle Hartmann dévoile comme ses prédécesseurs un premier album de 14 titres dénués de superflu, aux vertus bienfaisantes, détrônant ainsi Nina Simone et Ibrahim Maalouf des ventes jazz dans tout l’Hexagone l’an passé. Pas un mince exploit.

La douceur de sa voix, la force tranquille de ses chansons qui font rêver en trois langues, dont le portugais, la mélancolie vertigineuse qui l’habite, le souci des arrangements soignés, Gabi Hartmann a tout saisi et tout assimilé de cette bienfaisante proposition sans jamais racoler.

On avait humé l’essence des cinq titres de son EP Little Song Lines, dont la reprise sentie de Is Anything Wrong de Lhasa de Sela, comme une exhortation à poursuivre ce bout de chemin avec elle, qui se plaît à évoquer plusieurs mondes : le sort des migrants et des réfugiés, ses souvenirs de voyages en Afrique, ses deux ans passés à Rio de Janeiro, son année d’études en ethnomusicologie à Londres, la guitariste et chanteuse au timbre chaud et à la désinvolture assumée aime voyager léger malgré un bagage imposant.

La musique d’Hartmann ? Ni de la morna, ni du fado, encore moins du jazz classique à la Cécile McLorin-Salvant, parlons plutôt de chansons intimes habillées confortablement avec des fringues de friperie. Souvenez-vous de l’engouement ahurissant pour l’Américaine Madeleine Peyroux il y a 25 ans : une femme hors du temps qui chante dans le métro de New York. Hartmann s’abreuve à cette même source organique. Soif de Billie Holiday, soif d’Henri Salvador, mais aussi d’airs auxquels il est impossible de résister, après tout c’est bien ce même Jesse Harris qui a composé Don’t Know Why de Norah Jones (trois prix Grammy en 2003).

Le public parisien l’a vue au Duc des Lombards, là où jouait jadis UZEB, toutefois, ses premières parties des concerts de Jamie Cullum et de Melody Gardot ont confirmé son ascension. Vous désirez en savoir davantage ? Elle sera au Festival international de jazz de Montréal le 28 juin. Chaude recommandation.

Extrait de Buzzing Bee

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Gabi Hartmann

Folk/Jazz

Gabi Hartmann

Gabi Hartmann

Sony Music

8/10