(Paris) « Il a sali tout ce que je suis » : l’ancienne « reine des influenceurs » Magali Berdah a vivement mis en cause le rappeur Booba, lundi, devant le tribunal correctionnel de Paris, où sont jugées 13 personnes pour avoir pris part au cyberharcèlement massif dont elle a été victime.

Lors d’une audition tendue, Mme Berdah, la voix parfois entrecoupée de sanglots, a raconté le calvaire qu’elle a subi à partir de mai 2022 lorsqu’elle a été accablée sur les réseaux sociaux de dizaines de milliers de messages insultants et de menaces de mort. « J’ai été à deux doigts de me jeter par la fenêtre », a-t-elle affirmé.

« Crève », « sale chienne », « arnaqueuse », « tu mérites d’être décapitée et lapidée »… Treize internautes comparaissent jusqu’au 5 décembre pour leur participation présumée à ce harcèlement « en meute ».

Seuls six d’entre eux se sont présentés lundi devant le tribunal, un point qu’a déploré Mme Berdah. « J’aurais aimé que ces gens se rendent compte de ce qu’ils ont fait », a-t-elle observé.

Au total, cette procédure concerne 28 prévenus, dont 15 doivent être jugés pour des faits similaires lors de deux procès ultérieurs, mi-décembre puis fin janvier.

Parmi les internautes mis en cause, certains sont poursuivis pour avoir envoyé plus de 70 messages haineux ou injurieux, d’autres un seul.

L’ombre de Booba

PHOTO LOIC VENANCE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le rappeur Booba

L’ombre d’un 29e mis en cause, qui n’est pas concerné par ce procès, a plané sur une part importante des débats : celle du rappeur Booba, qui s’est lancé en 2022 dans une croisade contre Mme Berdah et ceux qu’il appelle les « influvoleurs » et accuse de multiples arnaques à l’encontre des internautes.

Booba, de son vrai nom Elie Yaffa, a été mis en examen début octobre dans cette affaire, et placé sous contrôle judiciaire, pour harcèlement moral en ligne aggravé.

Les investigations le concernant se poursuivent.

Mme Berdah, 42 ans, directrice commerciale de l’agence d’influenceurs Shauna Events, a été accusée par Booba de pratiques commerciales trompeuses. Des reproches qui ont alimenté un débat plus large sur le secteur des influenceurs, pour lequel le Parlement a voté une régulation en juin.

Dans ce débat, « on m’a prêté toutes les arnaques de la terre entière », « on m’a fait passer pour un monstre », a déploré devant le tribunal Mme Berdah, qui a longuement décrit le rôle qu’aurait joué selon elle Booba dans le déferlement d’injures et de menaces qu’elle a reçues.

« Un jour, il a relayé un lien vers un groupe Telegram où les gens demandaient ma décapitation et que je sois brûlée vive, avec mon adresse », a-t-elle relaté. « J’aurais préféré qu’il me tabasse une fois et que je sois tranquille » plutôt que subir ainsi un tel déferlement de haine « tous les jours ».

Mme Berdah a expliqué qu’elle avait dû déménager deux fois, que sa fille aînée avait été déscolarisée, et qu’elle s’était sentie particulièrement seule dans l’épreuve traversée.

« Personne ne voulait plus m’entendre, je n’étais plus audible. J’ai perdu les trois quarts de mes amis, car dès qu’ils s’affichent avec moi, ils sont harcelés ».