Le chanteur, danseur et chorégraphe Jessy Gauthier a déposé une poursuite de près de 122 000 $ contre Bianca Longpré, alias la Mère ordinaire, et sa compagnie Mouky. Il lui reproche entre autres d’avoir mené une campagne de salissage contre lui. L’humoriste, elle, rétorque qu’il a eu des « comportements inadéquats » à l’endroit de ses propres danseurs.

Deux ruptures de contrat, une tentative d’embaucher directement les danseurs de sa compagnie, une campagne de salissage dirigée contre lui et le refus de recourir à la clause de médiation prévue en cas de mésentente, voilà quelques-unes des récriminations pour lesquelles Jessy Gauthier réclame 121 698 $ en dommages-intérêts et pertes de profits.

Dans la poursuite d’une douzaine de pages déposée plus tôt ce mois-ci au palais de justice de Saint-Jérôme, l’artiste multidisciplinaire détaille les termes du contrat daté du 28 septembre 2021 qui liait son entreprise à celle de Bianca Longpré.

Jessy Gauthier Divertissements s’engageait essentiellement à « mettre en place et assurer la chorégraphie » d’une prestation de danse de 45 minutes mettant en scène six danseurs. Une performance lascive à la « Magic Mike » qui devait être présentée dans le cadre du spectacle de tournée de Bianca Longpré Back to Reality.

Les deux parties se sont entendues sur un calendrier initial d’une dizaine de représentations, puis ont revu ce nombre à la hausse. Au total, plus d’une cinquantaine de représentations se sont ajoutées à la première série. Du 13 novembre 2021 au 18 juin 2022, une trentaine de représentations ont donc été données, apparemment sans anicroche.

Or, selon les faits rapportés dans la poursuite, le 11 août, Bianca Longpré a résilié le contrat unilatéralement, « sans cause » et « sans préavis ».

Selon Bianca Longpré, avec qui La Presse a pu s’entretenir brièvement, les danseurs, qu’elle connaissait bien, « ne voulaient plus travailler avec lui ». « Certains d’entre eux ont porté plainte à leur agente. » Sans entrer dans les détails, elle évoque les conditions de travail, la façon de travailler et des commentaires déplacés.

Reprise du contrat

Quelques jours plus tard, le 15 août, François Massicotte, qui est le conjoint de Bianca Longpré, mais qui est aussi « actionnaire, administrateur et dirigeant de Mouky », aurait pris contact avec Jessy Gauthier pour « reprendre le contrat » en vue des représentations de l’automne.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE JESSY GAUTHIER

L’artiste multidisciplinaire Jessy Gauthier

Jessy Gauthier explique toutefois que durant cet intervalle de quelques jours, il a dû libérer ses danseurs pour leur permettre d’obtenir d’autres contrats, de sorte qu’à partir du 16 août, il a dû embaucher d’autres danseurs – trois sur six –, leur apprendre les chorégraphies, répéter de nouveaux solos, acheter des costumes, etc. Ce qui s’est traduit par des coûts additionnels.

Mais après seulement deux représentations en septembre (les 17 et 24), Mouky résilie à nouveau le contrat de travail avec Jessy Gauthier Divertissements, le 4 octobre.

Manœuvre « déloyale »

C’est à partir de cette date que Jessy Gauthier allègue que Bianca Longpré « a approché les danseurs qui avaient été mis à sa disposition afin de les enjoindre à quitter la compagnie pour conclure directement une entente avec elle ». Une manœuvre qu’il juge « déloyale ».

Selon lui, une campagne de salissage le visant directement a suivi, « rompant le lien de confiance » qui l’unissait à ses danseurs. Selon le document judiciaire, Bianca Longpré serait notamment intervenue auprès de Chantal Buron, « une ancienne partenaire d’affaires » de Jessy Gauthier.

Bianca Longpré assure que si elle a mis fin pour de bon à sa collaboration avec Jessy Gauthier, c’est parce qu’elle a été témoin de « comportements inadéquats » à l’endroit de ses danseurs, tous de jeunes hommes, et qu’elle ne pouvait rester les bras croisés.

« J’avais une responsabilité, explique-t-elle sans donner plus de détails, je ne pouvais pas être complice. Si j’entends des gens qui se plaignent, je ne peux pas continuer. C’est important pour moi que les gens soient bien traités, peu importe leur genre ou leur origine, donc j’ai mis fin à notre collaboration. »

Selon l’avocat de Bianca Longpré, MGuillaume Charron, tous les éléments mis de l’avant dans la poursuite seront vigoureusement contestés.

Dans le document judiciaire, Jessy Gauthier rejette les accusations de « comportements de natures discriminatoire et sexuel ». « Ce sont des allégations qui nuisent encore une fois à [ma] réputation et qui sont dénuées de fondement, pour lesquelles il n’existe pas un iota de preuve. » L’artiste précise qu’à aucun moment, avant l’envoi de la mise en demeure (au mois de janvier dernier), on ne lui a formulé ces reproches.

Avec la collaboration de Louis-Samuel Perron, La Presse