(Paris) Le festival d’Angoulême, en France, plus grand rendez-vous annuel de la bande dessinée, a annoncé mercredi annuler une exposition consacrée à un dessinateur accusé de promouvoir la pédopornographie et menacé.

« Des menaces physiques ont été proférées vis-à-vis de Bastien Vivès. Il n’est dès lors pas possible pour l’évènement d’envisager que sa programmation puisse faire peser de tels risques sur un auteur et, potentiellement, dans quelques semaines, sur ses festivaliers », a écrit la direction du Festival international de la BD d’Angoulême (FIBD) dans un communiqué.

L’exposition « Dans les yeux de Bastien Vivès » devait ouvrir fin janvier dans la ville du sud-ouest de la France à l’occasion de ce festival, le plus important pour le monde de la BD.

Le Festival déplore « la nécessité d’annuler cette exposition », après « des intimidations à l’encontre de membres de l’équipe du Festival ». Il met en avant « la liberté d’expression » pour défendre Bastien Vivès, auteur français de 38 ans qui a rencontré le succès avec une œuvre variée, dont des BD pornographiques avec des personnages mineurs comme Petit Paul.

La personnalité de Bastien Vivès est également controversée à cause de déclarations provocantes sur l’inceste ou d’attaques virulentes contre une dessinatrice féministe, Emma.

Mardi soir, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, interrogée par le quotidien Le Parisien, avait estimé que « certains propos » passés de M. Vivès n’étaient « pas acceptables ».

L’auteur lui-même avait réagi à la polémique dans Le Parisien également lundi. « Non, je ne suis pas pédophile et non, ce n’est pas mon fantasme. Si on veut lire honnêtement mes œuvres, on s’en rend compte facilement », disait-il. Il affirmait avoir déposé une main courante après les menaces reçues, et avoir « largement de quoi déposer plainte ».

« Nous dénonçons la banalisation et l’apologie de l’inceste et de la pédocriminalité organisées par le dessinateur de BD Bastien Vivès à travers ses ouvrages et ses propos dangereux », dit le texte de la pétition. Elle avait dépassé mercredi 100 000 signatures.

Les bandes dessinées les plus controversées de Bastien Vivès mettent en scène des mineurs face au sexe, avec des schémas parfois incestueux. Dans Une sœur en 2017, une fiction réaliste adaptée à l’écran (Falcon Lake), un garçon de 13 ans a des relations sexuelles, pendant des vacances en bord de mer, avec une fille de 16 ans.

Bien moins réalistes, Les Melons de la colère en 2011, ainsi que La Décharge mentale et Petit Paul en 2018 montrent des relations sexuelles entre mineurs et majeurs.  

Face à des accusations de pédopornographie, deux enseignes françaises de librairie, Cultura et Gibert Joseph, avaient cessé de vendre Petit Paul.