(Paris) Trois organisations de défense des droits de la personne ont appelé jeudi Meta, maison mère d’Instagram et Facebook, à modifier les règles de modération des contenus en persan sur ces réseaux sociaux, déplorant des blocages excessifs du partage d’information sur les manifestations en Iran.

L’association de défense de la liberté d’expression Article 19, basée à Londres, l’organisation de défense des droits numériques Access Now et le Centre pour les droits de la personne en Iran, basé à New York, ont indiqué dans un communiqué conjoint avoir saisi l’entreprise de leurs doléances.

Instagram « est à présent le principal réseau de communication en Iran en raison de son statut de dernier média social non censuré dans le pays », soulignent-ils, estimant néanmoins qu’il « souffre d’un manque de confiance et de transparence sur ses pratiques de modération » auprès des utilisateurs persophones.

Les trois organisations ont indiqué avoir présenté une série de recommandations à Meta, portant notamment sur l’amélioration des systèmes de réaction pour « la suppression de blocages erronés » dans l’accès à certains contenus.

Elles regrettent également le retrait de contenus sur Instagram lors des manifestations contre la hausse des prix visant le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, en raison du slogan « mort à Khamenei », pour lequel Meta avait néanmoins fait une exception temporaire en juillet 2021.

L’entreprise a consenti à d’autres exceptions dans le contexte de l’invasion russe de l’Ukraine, mais les motivations « en sont restées vagues », selon le communiqué.

Les organisations disent « s’inquiéter que le manque de nuance sur du contenu rendant compte de manifestations entraîne le retrait de publications dignes d’intérêt sur les manifestations ou, dans d’autres cas, qui pourraient permettre directement ou indirectement de corroborer des violations des droits de la personne ».

L’ayatollah Khamenei a accusé le 4 juin « l’ennemi », dont les États-Unis, qui imposent à l’Iran de lourdes sanctions économiques, de tenter d’exploiter les manifestations contre l’inflation et la corruption, mais assuré qu’ils « faisaient une erreur de calcul en pensant pouvoir opposer la nation iranienne à la République islamique ».