(Montréal) Les femmes entrepreneures ont plus de difficulté à obtenir du financement. Cette triste réalité offre une occasion d’affaires pour les investisseurs voulant soutenir ces entreprises qui passent parfois « sous le radar », selon deux femmes d’affaires qui viennent de lancer un fonds de capital de risque.

Issues du monde de la technologie, les femmes d’affaires Christine Beaubien et Annick Charbonneau lancent le fonds Accelia Capital avec l’appui financier du gouvernement du Québec, qui y injectera une somme maximale de 25 millions par le biais d’Investissement Québec.

Le fonds, qui vise une taille de clôture de 50 millions, investira principalement dans des entreprises en démarrage qui développent ou intègrent de nouvelles technologies et qui « accélèrent la transformation numérique du Québec ».

Un des objectifs de ce fonds est de financer 70 % d’entreprises à propriété féminine ou dans lesquelles au moins une femme occupe un poste de direction ou est actionnaire avec une participation minimale de 15 % des capitaux propres de l’entreprise.

« C’est une niche sous-exploitée, explique Mme Beaubien en entrevue en marge de l’annonce. On est porté par l’impact qu’on peut avoir, ça c’est clair, mais aussi on pense que carrément il y a de beaux bijoux qui ne sont pas dévoilés qu’on peut aller chercher et aider à développer. »

La diversité offre aussi un atout dans la prise de décision en entreprise, ajoute Mme Charbonneau. « Ça aide à voir nos angles morts. Souvent en entreprise, c’est ce qu’on ne voit pas qui nous frappe le plus durement. Plus on a de la diversité, plus on a la capacité à voir dans nos angles morts, et donc à être plus concurrentiel et plus productif. »

Accelia Capital espère terminer la clôture du fonds « d’ici Noël » pour être en mesure de déployer les fonds en janvier. « On est déjà préparé, affirme Mme Beaubien. On a plusieurs entreprises qu’on a rencontrées. On a une liste d’entreprises qu’on regarde. En janvier, on sera en mesure d’être en opération. »

Le fonds devrait investir dans « 20 à 25 » entreprises. « On fait le choix de s’investir dans les entreprises plutôt qu’avoir un grand nombre avec des petits montants et les laisser à elles-mêmes, ajoute-t-elle. On veut vraiment s’investir dans les entreprises. »

Outre le gouvernement du Québec, le Fonds de solidarité FTQ, Fondaction, Banque Nationale et la Caisse de dépôt et placement du Québec seront actionnaires du fonds. L’assureur Beneva, l’agence de communication Cossette, la spécialiste de la musique en diffusion continue Stingray, et le gestionnaire d’actifs Fiera font partie des partenaires du secteur privé.

Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a souligné la participation des investisseurs privés dans le financement du fonds. « La répartition du financement de ce fonds-là, moi je trouve ça extraordinaire, a-t-il dit en conférence de presse. C’est un pas dans la bonne direction. Dans les fonds d’amorçage, il y a des pays ou c’est quasiment le gouvernement au complet qui fait ça. »