(Montréal) La technologie développée par Hopper dépassera les frontières de son application de réservations de billets d’avion à la suite d’un partenariat avec Capital One Financial, une nouvelle avenue sur laquelle mise la société technologique québécoise pour accélérer sa croissance.

Cette entente, annoncée mercredi, après une année turbulente marquée par la pandémie de COVID-19, s’accompagne également d’une nouvelle ronde de financement de 170 millions menée par l’émetteur américain de cartes de crédit — l’un des plus importants dans le monde — et d’autres actionnaires de l’entreprise.

« Il s’agit de notre premier partenaire pour la mise en marché de notre offre d’entreprise à entreprise », a expliqué le cofondateur et président-directeur général de Hopper, Frédéric Lalonde, au cours d’un entretien téléphonique.

Fondée en 2006, la société établie dans le quartier montréalais du Mile-End a conçu une application — téléchargée par plus de 57 millions d’utilisateurs — permettant de prévoir le prix des vols et qui prévient les voyageurs des nouvelles offres afin de leur permettre d’acheter aux prix les plus bas. Au fil du temps, des options comme la réservation de chambres d’hôtel, de voitures et des produits financiers de protection, dont les marges sont plus élevées, ont été ajoutés à l’offre de service.

Hopper est présentée comme une « licorne », une appellation utilisée dans le secteur des jeunes entreprises technologiques pour désigner une entreprise dont la valeur est estimée à plus de 1 milliard US.

La société, qui ne divulgue pas ses états financiers, mais qui n’est toujours pas rentable, dit avoir été en mesure de doubler ses revenus l’an dernier en dépit de la crise sanitaire. La pandémie a néanmoins forcé l’entreprise à réduire son effectif d’environ 250 personnes, soit environ 40 %, et de récolter 70 millions de plus.

« Ce financement est vraiment orienté vers la croissance, ce n’est pas un coussin », a expliqué M. Lalonde.

Pour le président de Hopper, la crise est derrière la société, qui a grandement diversifié son offre. Environ 40 % des recettes de la société sont générées par « autre chose que des vols », a-t-il souligné.

Capital One Financial devrait s’inspirer des services offerts par Hopper pour les offrir à ses détenteurs de cartes de crédit. Ceux-ci pourront par exemple payer un supplément pour geler le prix d’un vol pendant plusieurs jours, acheter une option pour annuler un voyage ou déplacer la date prévue d’un voyage sans perdre la valeur totale du billet.

« Les États-Unis sont ouverts pour faire des affaires, a souligné M. Lalonde. Les vols domestiques sont en train de retrouver des niveaux intéressants. Au Mexique, nous sommes aussi la troisième agence en importance. Si je regarde nos chiffres du mois de mars, les vols sont presque revenus aux niveaux d’avant la pandémie. »

Le patron de Hopper a signalé que d’autres ententes similaires à celles avec Capital One seraient annoncées prochainement. Celui-ci n’a pas fermé la porte à des partenariats avec des agences de voyages, des compagnies aériennes ainsi que des chaînes hôtelières.

Signe que le contexte s’améliore, M. Lalonde a expliqué que la compagnie avait embauché 200 personnes pour son service à la clientèle et qu’elle cherchait à pourvoir quelque 200 postes en technologie.

« On pense que les deux prochaines années vont être extrêmement intéressantes et c’est pour cette raison que tous les revenus dégagés sont injectés dans la croissance plutôt que la rentabilité, a-t-il dit. Des milliards de personnes ont réalisé que voyager est quelque chose qui peut leur être enlevé. »

En plus de Capital One, GS Growth, Inovia Capital, WestCap et Citi Ventures, qui figurent déjà parmi les investisseurs de Hopper, ont participé à la ronde de financement de 170 millions. Hopper compte également la Caisse de dépôt et placement du Québec parmi ses actionnaires. La valeur du placement du bas de laine des Québécois dans l’entreprise est chiffrée dans une fourchette oscillant entre 50 millions et 100 millions.