(Montréal) La décision du Tribunal d’arbitrage contre le recours à une application mobile pour calculer les heures des travailleurs dans l’industrie de la construction a secoué l’industrie, au point où deux associations d’entrepreneurs viennent de demander d’y surseoir.

Le Tribunal d’arbitrage a récemment donné raison à la FTQ-Construction et a jugé qu’en vertu des conventions collectives en vigueur, le recours à de telles applications mobiles, sur le téléphone personnel des travailleurs, ne pouvait pas remplacer les appareils installés au chantier par les entrepreneurs pour que les travailleurs y « poinçonnent ».

Avec le virage technologique, plusieurs entreprises ont recours à une application mobile que le travailleur télécharge sur son téléphone intelligent et qui permet d’enregistrer les heures d’arrivée et de départ.

Chez Mobile Punch, Jérôme Guay rapporte qu’il enregistre pas moins de 25 000 utilisateurs par jour. Et il n’est pas le seul, puisque son entreprise a des compétiteurs.

La décision du Tribunal d’arbitrage, qui a statué que cela contrevenait à la convention collective, qui prévoit que les appareils doivent être installés par l’employeur, à ses frais, et le plus près possible du lieu de travail, change la donne.

L’Association de la construction du Québec (ACQ), appuyée par l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation (APCHQ), a demandé à l’arbitre de surseoir à l’application de sa décision, jusqu’à l’échéance des conventions collectives, en avril prochain.

Les deux grandes associations d’entrepreneurs souhaitent pouvoir ainsi négocier avec les organisations syndicales le moyen de recourir à ces technologies, tout en respectant les conventions collectives. Mais, pour ce faire, il leur faut du temps.

Pour l’ACQ et l’APCHQ, c’est toute la question du virage technologique que doit prendre l’industrie qui se pose ainsi.

« On n’est pas contre la décision que l’arbitre a rendue, au contraire. Il a pris une bonne décision, à la lecture de l’article des conventions collectives. Par contre, ça nous amène à la réflexion suivante : comment allons-nous adapter les conventions collectives à chaque fois qu’il va y avoir une nouvelle technologie qui va apparaître ? » a affirmé en entrevue Guillaume Houle, porte-parole de l’ACQ.

Entre-temps, la décision du Tribunal d’arbitrage s’applique. « C’est important de respecter la décision de l’arbitre », rappelle M. Houle à ses membres entrepreneurs.

M. Guay, quant à lui, souligne que de telles technologies, dans l’industrie de la construction, peuvent avoir plusieurs utilités : remplir le formulaire santé pour la COVID-19, permettre une meilleure gestion des projets, une meilleure répartition des effectifs et autres. De plus, elles permettent de réduire l’utilisation du papier, des « feuilles de temps », et d’éviter des erreurs.

L’ACQ et l’APCHQ ont demandé à l’arbitre de surseoir à l’application de sa sentence ; elles attendent maintenant sa décision.