Même si son université offre une formation en jeu vidéo et que plusieurs petits studios indépendants s’y sont installés, Sherbrooke n’avait pas encore attiré un acteur majeur dans ce domaine. Ce sera chose faite dès septembre, alors qu’Eidos-Montréal, maître d’œuvre de franchises cultes comme Deus Ex et Tomb Raider, y ouvrira une antenne d’une vingtaine d’employés.

« Sherbrooke est une ville universitaire, il y a un bassin technologique intéressant, on a déjà plusieurs personnes qui viennent de là, explique en entrevue Julien Bouvrais, directeur technologie chez Eidos-Montréal. Et ce n’est pas très loin de Montréal, on parle de 150 km. »

L’ouverture en septembre sera entièrement « virtuelle », en télétravail, précise-t-il. Ce n’est qu’au début de 2021 qu’on prévoit emménager dans de nouveaux locaux. Le studio devrait compter une centaine d’employés d’ici cinq ans.

Ce ne sera pas un studio traditionnel, responsable de segments ou d’aspects précis de certains jeux. On lui confiera plutôt le mandat très large de « l’avancement technologique », pour lequel on souhaite développer des innovations qui pourraient révolutionner le monde du jeu vidéo.

C’est plus que de la plomberie : pour la première année, on veut clairement cibler des innovations majeures, par exemple dans le jeu infonuagique. Les centres de données, on veut en faire des centres de calcul pour proposer des expériences de jeu très différentes des jeux actuels.

Julien Bouvrais

La vision d’Eidos à ce chapitre est différente des plateformes infonuagiques existantes, comme Stadia ou GeForce Now, qui proposent essentiellement aux joueurs d’accéder à un ordinateur à distance. Ce que Sherbrooke va contribuer à bâtir, ce sont plutôt des façons pour le joueur de pouvoir utiliser la puissance de calcul d’autres processeurs distants pour améliorer son jeu, par exemple en recréant des environnements en temps réel ou en leur donnant plus de réalisme avec ce qu’on appelle le « ray tracing ».

Studio en télétravail

La centaine d’employés sherbrookois s’ajouteront au demi-millier que compte Eidos-Montréal, une filiale du géant japonais Square Enix qui l’a acquise en 2009. Tous sont en télétravail depuis 13 semaines, COVID-19 oblige. L’expérience, jusqu’à maintenant, est concluante, estime David Anfossi, chef de studio. « On a eu une période d’adaptation, c’est normal, mais on s’est donné les moyens, les outils pour pallier certains problèmes. Maintenant, on est sûrement meilleurs communicateurs, en termes de méthodologie et de structures, qu’on l’était il y a 13 semaines. »

Le fonctionnement du studio ne sera probablement plus jamais le même après cette expérience, annonce-t-il. « Quand il y a des apprentissages importants, pourquoi les mettre de côté ? Je me questionnais beaucoup sur ce qui va se passer quand on va nous permettre de revenir dans le studio. On s’aperçoit qu’un retour à la normale n’est pas réaliste. »