(Montréal) Photos et vidéos intimes diffusées dans toute l’école à la suite de la rupture d’un couple. Mots de passe partagés entre amis pour démontrer sa confiance. Publications sur les réseaux sociaux visibles par des milliers « d’amis ». La vie privée des jeunes n’a parfois rien de privé et préoccupe la Commission d’accès à l’information du Québec (CAI), qui relance sa tournée des écoles secondaires en ce mois de prévention à la cybersécurité.

La coordonnatrice du programme, Isabelle Gosselin, est catégorique en entrevue à La Presse canadienne : les jeunes d’âge scolaire ne prennent pas soin de leur vie privée.

Malgré les campagnes et tournées précédentes, la CAI doit marteler son message encore et encore.

Preuve de l’étendue du problème selon Mme Gosselin : trois élèves sur quatre lèvent la main lorsqu’on leur demande s’ils partagent des mots de passe avec des amis. « Et ils sont quasiment fiers de le faire », a-t-elle constaté. Pour eux, il s’agit souvent d’une preuve d’amitié ou d’amour. Preuve qui peut se faire autrement, leur fait-elle remarquer.

« C’est vraiment une mode, a-t-elle expliqué. Et souvent, les jeunes m’obstinent : “Ne pensez-vous pas que vous exagérez, madame ? Ce n’est pas grave. ” »

L’organisme gouvernemental souhaite inciter les jeunes internautes à adopter un comportement sécuritaire et responsable, particulièrement en matière de la protection des renseignements personnels et de respect de la vie privée.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Mme Gosselin a indiqué que depuis cinq ans, des directions d’écoles et des enseignants rapportent avoir à gérer beaucoup de cas en raison des médias sociaux.

Conférence interactive

La tournée intitulée « Ce que tu publies, penses-y », qui se déroule à longueur d’année, se rend dans des écoles secondaires partout au Québec. Au cours de cette visite, les élèves assistent à une conférence.

La présentation d’une heure comporte des exemples concrets tirés de faits vécus, parfois même dans leur propre école dans le but de les sensibiliser au fait que ça n’arrive pas qu’aux autres, dans d’autres villes ou d’autres pays, a indiqué Mme Gosselin en notant que l’objectif est aussi de sensibiliser ceux qui sentent invincibles.

Les enjeux relatifs au vol d’identité, au sextage, à la géolocalisation et aux paramètres de confidentialité sont notamment abordés.

Au cours des deux dernières années scolaires, plus de 32 000 élèves ont été rencontrés.