(Paris) Le déploiement de la 5G ne représente pas le « mur d’investissement » craint initialement pour les opérateurs télécoms, selon un rapport publié mardi par l’agence de notation Fitch Ratings, qui alerte cependant sur le coût d’acquisition des fréquences nécessaires dans différents pays.

« Les risques liés aux investissements 5G ont toutes les chances d’être contenus sur les 18 prochains mois. La pression liée aux coûts d’acquisition du spectre pourrait réduire les marges », a estimé l’agence de notation.

Si le montant des fréquences n’a pas été très élevé en Espagne ou en Suisse, représentant quelques centaines de millions d’euros, ils se sont littéralement envolés en Allemagne et en Italie, pour dépasser les 6 milliards d’euros dans chaque cas.

« La Corée du Sud et la Suisse ont pris un bon départ du fait de la mise à disposition rapide, et pour un montant raisonnable, du spectre nécessaire au déploiement », analyse ainsi l’agence de notation.

En France, l’attribution des fréquences, qui doit intervenir d’ici à la fin de l’année, suscite quelques inquiétudes de la part des opérateurs, qui craignent de se retrouver dans un schéma à l’allemande, alors que le gouvernement pourrait chercher à profiter de l’occasion pour s’assurer d’importantes rentrées d’argent.

Bouleversement majeur dans l’industrie des télécoms, la nouvelle technologie mobile 5G doit permettre de faire face à l’importante augmentation de la consommation de données par le grand public tout en permettant le développement de nouveaux services à destination des entreprises, en accélérant la numérisation de pans entiers de l’économie.

Le nouveau réseau, dont le déploiement a commencé en Asie de l’Est, Amérique du Nord et dans certains pays européens, implique cependant une transformation complète des réseaux mobiles existants, le déploiement massif de la fibre optique et une multiplication des antennes relais qui pourraient nécessiter un investissement très élevé de la part des opérateurs, posant la question des capacités des plus fragiles en la matière.

« Nous pensons que les opérateurs vont adopter une approche prudente dans un cycle d’investissement ascendant », anticipe Fitch Ratings.

L’agence parie par ailleurs sur le partage de réseau afin de ventiler les coûts liés au déploiement, un choix notamment réalisé par Vodafone au Royaume-Uni, en Espagne ou en Italie.

En Chine, où le déploiement doit commencer en 2020, China Telecom et China Unicom déploient conjointement la 5G dans une quinzaine de villes.

Le partage de réseau ne peut cependant être réalisé que dans les pays où le régulateur accepte cette mise en commun, qui se fait alors au détriment de la mise en concurrence des opérateurs via les infrastructures.