Un nouveau rapport de l’Institut Fraser tente de se faire rassurant pour le quart des Canadiens inquiets de l’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur l’emploi : sans détruire les perspectives d’emploi futures des travailleurs, l’IA hausserait le niveau de vie général.

Le rapport se penche sur cette question qui tracasse les travailleurs depuis fort longtemps : les machines vont-elles voler nos jobs ? La peur est palpable : un sondage Léger commandé par la firme ADP en 2018 avançait que 34 % des Québécois craignaient l’impact de l’IA sur leur emploi, soit le plus haut taux au Canada (à l’échelle pays, 27 % des répondants partageaient cette crainte).

À cette question, Steven Globerman, économiste de l’Institut Fraser derrière le rapport, répond que non. « L’histoire est assez cohérente là-dessus. Le lien entre nouvelles technologies et emploi est positif. » Il cite les révolutions dues à l’électricité, au pétrole, au téléphone et à l’internet, qui ont « diversifié » les perspectives au lieu de les détruire.

« Je ne vois aucune raison pour laquelle cela serait différent avec l’IA, dit-il. Les nouvelles technologies rendent les économies plus efficaces et productives, augmentant la qualité de vie. Les gens sont plus riches, donc peuvent se procurer plus de biens et de services, ce qui génère plus de demande de main-d’œuvre. »

À chaque révolution industrielle, on a eu peur que le taux de chômage augmente, sans que ça se produise. Il y a eu des hauts et des bas, mais c’était complètement indépendant de ce processus. Le changement technologique laisse le chômage inchangé.

Pierre Fortin, économiste

M. Fortin prédit même qu’il y aura « au moins autant de nouveaux emplois que d’emplois détruits ».

C’est la nature des emplois qui changera. Selon M. Fortin, le temps de travail libéré par l’automatisation de certaines tâches pourrait permettre aux employés, surtout à ceux du secteur de la santé, d’être plus « humains » avec clients et patients.

« Il faudrait que le secteur public cherche à développer l’humanisation des services », résume le professeur émérite de l’UQAM.

Aide réclamée pour la transition

Pour les deux experts, des mesures devraient être prises pour adoucir les impacts négatifs à court terme. Selon M. Fortin, « il y a une responsabilité de la part des entreprises de financer des programmes de transition, là où elles auraient intérêt à le faire. Il faut que les gouvernements mettent en place un système de formation continue ».

M. Globerman est d’accord sur le fond, mais désapprouve l’idée d’une réglementation du gouvernement. Il dit cependant appuyer la création de crédits d’impôt destinés aux entreprises pour financer des formations d’adaptation et de la formation continue.