(New York) La Bourse de New York a terminé en baisse vendredi, incapable de se défaire de l’impression laissée par la communication de la Réserve fédérale (Fed), qui pousse une partie du marché à craindre pour l’économie américaine.

Le Dow Jones a perdu 0,31 %, l’indice NASDAQ a cédé 0,09 % et l’indice élargi S&P 500 a rendu 0,23 %.

« Le marché a remis ses pendules à l’heure, […] et cette vision de taux plus élevés pour plus longtemps pèse sur les actions et leur valorisation », a commenté Kurt Spieler, de FNBO.

La séance avait pourtant démarré dans le vert, sur ce qui semblait un rebond technique, stimulé par un reflux des taux obligataires, montés à des sommets. Le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans s’est ainsi replié à 4,43 %, contre 4,49 % la veille en clôture.

« Au départ, les courtiers espéraient voir les achats reprendre », a expliqué Steve Sosnick, d’Interactive Brokers. « On aurait pu s’attendre à un sursaut après deux mauvaises séances, surtout celle d’hier. Mais la dynamique s’est évanouie. »

L’approche du week-end n’a pas aidé, fait valoir l’analyste. « Les gens ne voulaient pas rester en position d’achat », la pause de deux jours pouvant entraîner une réaction brutale et incertaine le lundi.

Les déclarations offensives d’une gouverneure de la Fed, Michelle Bowman, ont enfoncé le clou déjà planté par la Fed mercredi. La responsable a dit s’attendre à une nouvelle hausse de taux dans les mois à venir.

La présidente de l’antenne de la Fed à Boston, Susan Collins, lui a fait écho en assurant qu’« un nouveau resserrement (n’était) clairement pas écarté ».

Les indicateurs du jour ont confirmé l’impression d’une économie américaine qui refuse de plier, ce qui est de nature à pousser la Fed à rester mobilisée contre l’inflation.

Aux États-Unis, l’indice composite PMI (tous secteurs confondus) a ainsi fait ressortir une économie américaine en expansion (50,1 points soit au-dessus des 50 qui indiquent la stabilité), même si son rythme ralentit.

« Le risque s’accroît de les voir provoquer un atterrissage forcé de l’économie », selon Steve Sosnick, ce qui rend la place new-yorkaise nerveuse.

À la cote, Ford a pris de la hauteur (+1,89 %), après que le président du syndicat automobile UAW, Shawn Fain, a fait état de « réels progrès » dans les négociations portant sur une nouvelle convention collective, alors que la grève dure depuis une semaine.

« Chez GM (-0,40 %) et Stellantis (+0,10 %), c’est une autre histoire », a ajouté le responsable, qui a annoncé des arrêts de travail dans 38 centres de distribution de pièces détachées.

La nouvelle de cette percée chez Ford a joué contre Tesla (-4,23 %), souvent considéré comme le grand vainqueur potentiel d’une grève longue.

Activision a été recherché (+1,70 %) après que l’Autorité britannique de la concurrence, la CMA, a estimé que la vente, par l’éditeur de jeux vidéo, des droits de jeux en ligne au français Ubisoft, « répondait aux préoccupations antérieures et ouvrait la voie » à son rachat par Microsoft (-0,79 %).

Amazon (-0,16 %) n’a pas bénéficié de l’annonce de l’ajout de publicités au service Prime Video. Les abonnés qui souhaitent un contenu sans réclame devront payer 2,99 dollars par mois.

Arm a enchaîné une sixième séance de hausse négative d’affilée (-1,61 %), après un premier bond (+24,69 %) pour son premier jour de cotation, le 14 septembre. Le titre, qui vaut désormais 51,32 dollars, approche de son prix d’introduction (51 dollars), en dessous duquel il était brièvement tombé, jeudi.

Après avoir initialement bien vécu, jeudi, l’annonce du retrait de son patron emblématique, Rupert Murdoch, le groupe de médias Fox Corp a cédé 2,50 %. L’autre branche de l’empire du magnat d’origine australienne, News Corp, a elle perdu 1,20 %.

Toronto clôture sur un recul de plus de 400 points

La Bourse de Toronto a clôturé la séance de vendredi sur une légère baisse, au lendemain d’une dégringolade de plus de 400 points, tandis que les grands indices américains ont reculé eux aussi.

Ce fut la pire semaine de Wall Street en six mois, mais elle s’est clôturée sur un gémissement plutôt que sur un fracas, alors que les rendements du Trésor se sont légèrement affaiblis et que les investisseurs ont continué à digérer les nouvelles projections de la banque centrale américaine au sujet de l’économie et des taux d’intérêt.

À New York, la moyenne Dow Jones des valeurs industrielles a cédé 106,58 points, soit 0,31 %, à 33 963,84 points, tandis que l’indice élargi S&P 500 s’est défait de 9,94 points, ou 0,23 %, à 4320,06 points. L’indice composé du NASDAQ s’est pour sa part déprécié de 12,18 points, ou 0,09 %, à 13 211,81 points.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a pour sa part perdu 11,65 points, ou 0,06 %, pour terminer la journée avec 19 779,97 points.

La Réserve fédérale américaine a maintenu son taux d’intérêt directeur mercredi, mais a indiqué que les taux pourraient rester élevés plus longtemps dans un contexte d’économie étonnamment résiliente. Les marchés ont été agités pendant la majeure partie de la semaine, et ont notamment baissé après l’annonce de la Fed.

La grande question désormais n’est pas de savoir jusqu’où les taux vont monter, mais pendant combien de temps ils resteront élevés, a estimé Brianne Gardner, gestionnaire de patrimoine de Velocity Investment Partners chez Raymond James.

De nombreux investisseurs, ainsi que la Fed elle-même, pensaient que l’économie se serait davantage affaiblie désormais, a-t-elle souligné. Mais il est important de garder à l’esprit que l’économie fonctionne avec un certain retard et que les données montrent des signes d’affaiblissement dans des domaines tels que les dépenses de consommation et l’endettement.

« Voir cette baisse ou ce mouvement suggère que la reprise du marché de cette année s’appuyait peut-être sur des attentes irréalistes », a-t-elle noté, faisant référence aux gains alimentés par la technologie qui ont dominé le premier semestre 2023.

Vendredi, Statistique Canada a rapporté que les ventes au détail avaient augmenté de 0,3 % en juillet. L’agence fédérale a cependant indiqué que ses données préliminaires pour le mois d’août laissaient entrevoir une baisse.

Pendant ce temps, aux États-Unis, un rapport de S&P Global a montré un ralentissement de la dynamique du secteur des services.

Alors que les investisseurs envisagent la « dernière ligne droite » de l’année, Mme Gardner s’attend à de la volatilité et à une certaine rotation vers des investissements plus sûrs.

« Je pense que certains investisseurs envisagent peut-être d’acheter des actions de croissance si les taux d’intérêt restent élevés », a-t-elle affirmé.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 74,27 cents US, en hausse par rapport à celui de 74,15 cents US de jeudi.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a avancé de 40 cents US à 90,03 $ US le baril, tandis que celui du gaz naturel a pris 4 cents US à 2,88 $ US le million de BTU.

Le prix de l’or a gagné 6,00 $ US à 1945,60 $ US l’once et celui du cuivre est resté inchangé à 3,70 $ US la livre.

La Presse Canadienne