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Lorsqu’une entreprise ne répond pas aux attentes des marchés, la valeur de ses actions, souvent, décline. D’autres facteurs peuvent intervenir, mais la non-atteinte des attentes a un impact important. Qui détermine ces attentes et comment procède-t-on pour le faire ? – Claude Gingras, Orléans, Ontario

Le consensus autour duquel la performance financière des entreprises est jugée est établi par les analystes suivant officiellement les entreprises inscrites en Bourse.

La barre à franchir est ainsi fixée par les firmes spécialisées dans la collecte et la publication d’informations financières, comme Bloomberg et Refinitiv. Ces firmes colligent les estimations calculées par les analystes.

Pour effectuer leurs calculs, les analystes utilisent les informations fournies par les entreprises et leurs dirigeants.

Certaines entreprises sont plus généreuses que d’autres en matière de divulgation d’informations. Si des entreprises n’offrent pas de prévisions et n’organisent jamais de conférence téléphonique trimestrielle pour commenter leurs résultats financiers, d’autres planifient des conférences téléphoniques, mais ne fournissent pas de prévision. Beaucoup d’entreprises présentent des projections sur trois mois alors que d’autres le font aussi pour l’année qui vient.

Pour plaire aux analystes et favoriser une couverture de leur part, de façon générale, la pratique est de présenter des prévisions.

Les ajustements périodiques apportés par les entreprises à leurs prévisions initiales au cours d’un même exercice financier sont souvent ce qui va déterminer ou amplifier le mouvement d’un titre en Bourse.

Lors du dévoilement des résultats, la véritable surprise peut venir de la bouche d’un PDG lorsqu’il procède à une mise à jour des projections de chiffre d’affaires ou de bénéfices pour le trimestre qui vient. La couleur qu’un dirigeant apporte peut affecter la volatilité sur un titre.

Le chiffre d’affaires est suivi avec intérêt, mais la volatilité risque le plus souvent de venir des informations liées aux marges bénéficiaires. C’est une donnée plus volatile et nous avons pu le constater depuis un an avec la poussée de l’inflation, un facteur ayant eu un impact important sur les profits.

Réviser ses attentes

D’autres facteurs sont aussi suivis de près, comme les flux de trésorerie, et les informations sur la structure de la dette, mais de façon générale, il est plus facile de prévoir la réalité sur ce dernier point en raison des échéances envisagées pour les prêts.

D’autre part, lorsqu’une entreprise traverse une belle séquence de croissance et que son multiple d’évaluation grimpe parce que le consensus des analystes laisse entendre que la séquence est appelée à se poursuivre, le titre peut devenir vulnérable à une correction subite advenant un écart soudain de performance avec les attentes du marché. Certains analystes pourraient croire que le beau temps est possiblement terminé et réviser les attentes en plaçant un escompte sur le titre.

Les analystes posent souvent des questions très granulaires lors des conférences téléphoniques afin de les aider à mieux anticiper ce qui risque de se produire dans les mois à venir et ainsi contribuer à fixer un consensus plus « fiable » ou plus près de la réalité.

Plus le trimestre avance, plus les analystes jasent avec les entreprises et tranquillement, avant que les résultats sortent, ils vont ajuster leurs calculs. Lorsque les résultats sont publiés, ils surpassent (ou pas) des attentes le plus souvent « révisées ».

Certains gestionnaires de portefeuille ne s’étonnent pas de voir les entreprises éclater régulièrement les attentes. Pour eux, c’est un classique parce qu’ils savent que les entreprises sont devenues expertes à préparer le marché (investisseurs et analystes) en gérant les attentes afin de pouvoir dévoiler des résultats qui vont souvent être meilleurs que des attentes révisées dans les semaines précédant le dévoilement des chiffres. Certains dirigeants ont même la réputation d’être plus « conservateurs » ou plus « prudents » que d’autres dans leurs projections.

C’est pour ça que les gestionnaires de portefeuille tentent de ne pas se laisser endormir par les chiffres et tomber dans une perception que les entreprises s’en tirent vraiment bien, augmentent leurs prix, et protègent leurs marges bénéficiaires. C’est vrai en partie, mais les hausses d’évaluation ne s’expliquent pas nécessairement par des profits supérieurs à ce qui était prévu initialement ou plusieurs mois auparavant.

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