(New York) La Bourse de New York a terminé en légère baisse vendredi, prenant une respiration après une séquence enlevée qui a vu les indices atteindre des sommets de plusieurs mois, sous l’impulsion d’investisseurs rassurés par la trajectoire de l’économie américaine.

Le Dow Jones a reculé de 0,32 %, l’indice NASDAQ a cédé 0,68 % et l’indice élargi S&P 500 a lâché 0,37 %.

« Après une semaine solide, ce n’est pas inhabituel de voir un reflux », a commenté Art Hogan, de B. Riley Wealth Management. Le S&P 500 et le NASDAQ restaient ainsi sur six séances positives de suite et étaient montés cette semaine au plus haut depuis 14 mois.

Pour Karl Haeling, de LBBW, le recul était surtout technique, sans conviction.

Il a probablement été accentué, selon l’analyste, par le fait que vendredi était une journée dite des « quatre sorcières », marquant l’expiration des contrats à terme (futures) et options sur les indices et sur les valeurs individuelles.

L’arrivée à échéance de ces produits financiers génère souvent de la volatilité et des mouvements erratiques de la place new-yorkaise.

Quelques prises de profits ont eu lieu dans le secteur technologique, incandescent depuis le début de l’année, notamment sur les titres de Microsoft (-1,66 %), du fabricant de semi-conducteurs AMD (-3,35 %) ou de Netflix (-2,99 %).

Dans le même temps, les actions qualifiées de défensives, c’est-à-dire considérées comme moins sensibles à la conjoncture, ont bénéficié d’un petit rééquilibrage, à l’instar du conglomérat industriel 3 m (+0,70 %), de Nike (+1,05 %) ou de la chaîne de pharmacies Walgreens (+2,03 %).

Le fléchissement modéré de vendredi ne remet pas en cause la tendance du marché, selon Karl Haeling, qui souligne qu’« il y a clairement beaucoup d’argent qui arrive sur le marché » des actions.

« C’est un marché qui reste constructif, mais qui avait besoin de digérer les gains observés » ces dernières semaines, abonde Art Hogan.

Les investisseurs croient désormais majoritairement à un atterrissage en douceur de l’économie américaine et mettent ouvertement en doute la communication de la banque centrale américaine (Fed), dont la majorité des membres votants annoncent plusieurs hausses de taux d’ici la fin de l’année.

Sur le marché obligataire, les taux ont de nouveau nettement fluctué, à la hausse cette fois. Le rendement des emprunts d’État américains à 2 ans ressortait à 4,72 %, contre 4,64 % jeudi en clôture.

Ces mouvements d’ampleur inhabituelle sur ce marché tiennent, pour partie, à une liquidité insuffisante, due notamment à la perspective d’émissions massives du gouvernement américain après plusieurs mois de crise de la dette.

À la cote, le géant des logiciels de création Adobe a brillé (+0,87 %) après avoir publié, jeudi après Bourse, des résultats supérieurs aux attentes et relevé ses prévisions pour son exercice décalé (de décembre à novembre).

Le groupe de San Jose se dit bien positionné sur le terrain de l’intelligence artificielle (IA) dite générative, grâce à ses modèles de langage et ses bases de données.

Autre valeur en vue, le fabricant américain de semi-conducteurs Intel (+1,54 %) a été recherché après avoir officialisé un investissement de 4,6 milliards de dollars destiné à la construction d’un nouveau site à Wroclaw, en Pologne.

Virgin Galactic a été mis en orbite (+16,50 %) par l’annonce d’un premier vol commercial le 27 juin, suivi d’un autre en août, la compagnie espérant adopter ensuite une cadence mensuelle. Elle propose aux passagers de passer quelques minutes dans l’espace, avant de redescendre sur terre.

Le concepteur d’objets connectés iRobot, connu notamment pour ses aspirateurs Roomba, prenait de la hauteur (+21,20 %) après que l’autorité britannique de la concurrence, la CMA, a approuvé son rachat par Amazon (-1,27 %), annoncé en août dernier, pour 1,7 milliard de dollars.

La Bourse de Toronto

L’indice phare de la Bourse de Toronto a clôturé en baisse vendredi, tiré vers le bas par les pertes des secteurs de l’énergie, des technologies de l’information et des métaux de base, pendant que les grands indices boursiers américains ont, eux aussi, perdu des plumes au terme d’une semaine marquée par plusieurs données économiques et une pause des hausses de taux d’intérêt de la part de la Réserve fédérale.

Les marchés ont rendu une partie de leurs gains, mais ont tout de même terminé la semaine dans une solide position, a observé Monda Mahajan, stratège en investissement pour la firme Edward Jones.

« Je pense qu’ils prennent une petite pause avant un long week-end ici aux États-Unis », a-t-elle noté.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a laissé 51,98 points pour terminer la séance avec 19 975,37 points.

La grande nouvelle de la semaine a été la décision de la Réserve fédérale de laisser son taux directeur inchangé pour la première fois depuis le début de son cycle de resserrement entrepris l’an dernier. Alors que l’annonce était largement attendue mercredi, la banque centrale a indiqué qu’elle pourrait relever ses taux deux fois de plus cette année pour continuer sa lutte contre l’inflation.

La réaction immédiate a été négative de la part des investisseurs, a souligné Mme Mahajan, mais dès le lendemain, les marchés étaient plus optimistes alors qu’ils digéraient les nouvelles et les commentaires du président de la banque centrale, américaine, Jerome Powell.

Celui-ci a affirmé mercredi que la banque centrale voyait des progrès sur l’inflation et qu’« il pourrait être logique que les taux augmentent, mais à un rythme plus modéré ».

L’autre grande histoire cette semaine était que la reprise des actions, qui pendant un certain temps a été étroite, commence à s’élargir, a observé Mme Mahajan.

« Nous commençons à voir un peu d’élargissement au-delà des trois secteurs qui ouvraient la voie, à savoir la technologie, les services de communication et la consommation discrétionnaire. Nous obtenons plus de participation des domaines tels que les industries et les matériaux », a-t-elle expliqué.

« Je pense que cela témoigne d’un peu plus de confiance envers la santé de l’économie américaine. »

Les investisseurs ont reçu un méli-mélo de rapports économiques dans la dernière semaine, avec un refroidissement de l’inflation en mai, alors même que les ventes au détail se sont renforcées de manière inattendue. En outre, les demandes de prestations d’assurance-emploi ont été plus élevées que prévu et le secteur de la fabrication a montré une contraction.

Mme Mahajan a estimé que la prochaine saison des résultats devrait être négative, et elle a prédit que les marchés connaîtraient une certaine volatilité au cours du second semestre de l’année, alors que les conditions continuent de s’assouplir. Cependant, elle a noté que cela pourrait se transformer en une occasion de se positionner sur les actions et les titres à revenu fixe.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 75,77 cents US, en hausse par rapport à celui de 75,46 cents US de jeudi.

Le cours du pétrole brut a pris 1,12 $ US à 71,93 $ US le baril, pendant que celui du gaz naturel a grimpé de 10 cents US à 2,63 $ US le million de BTU.

Le prix de l’or a avancé de 50 cents US à 1971,20 $ US l’once et celui du cuivre s’est déprécié de 1 cent US à 3,89 $ US la livre.

La Presse Canadienne