(New York) Les cours du pétrole ont fini en forte baisse mardi, au plus bas depuis quatre mois, les opérateurs toujours préoccupés par une possible récession consécutive aux resserrements monétaires, qui créent de premières turbulences aux États-Unis dans le secteur bancaire.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a perdu 4,11 %, pour clôturer à 77,45 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en avril, a lui abandonné 4,63 %, à 71,33 dollars.

Dans les échanges électroniques postérieurs à la clôture, les deux variétés de référence du marché poursuivaient même leur glissade, le Brent tombant sous 77 dollars et le WTI sous 71 dollars, pour la première fois depuis début décembre.

« Cette crise bancaire renforce la peur d’une récession », a commenté John Kilduff, d’Again Capital, en référence à la faillite de trois établissements américains en quelques jours.

Malgré une forme de stabilisation à Wall Street mardi et les mesures d’urgence prises dimanche par les autorités américaines pour garantir les dépôts, « cela affecte la confiance des investisseurs » dans le système financier et « dans l’économie en général. »

« Et cela n’augure rien de bon pour la demande de pétrole », martèle l’analyste.

« À part l’or, c’est tout le secteur des matières premières qui semble penser qu’on va vers une récession », a abondé Bill O’Grady, de Confluence Investment.

« Et la plupart des indicateurs traditionnels l’annoncent », a insisté l’analyste, mentionnant tout particulièrement l’évolution des taux obligataires, plus élevés à court terme qu’à long terme depuis des mois, phénomène qui précède quasi systématiquement une récession.

Pour Bill O’Grady, le marché s’était jusqu’ici accroché à la perspective d’une reprise de la demande chinoise, au point de relativiser les fondamentaux de court terme, à savoir une offre abondante et la faible consommation américaine, voire européenne, de produits raffinés.

Cela avait conduit les cours à évoluer, depuis le début de l’année, dans des marges resserrées.

« Il semble qu’on soit sorti » de cette fourchette, et « quand vous dépassez un seuil technique (à la baisse), cela déclenche souvent des ventes supplémentaires » et accélère la chute, ce qui s’est produit mardi en fin de séance.

L’analyste de RBC Helima Croft a évoqué mardi la possibilité d’une intervention de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) si les cours continuaient à se replier.

Selon elle, la réunion du comité ministériel (JMMC), le 3 avril, « offre l’opportunité d’un changement de trajectoire ».

« Réduire la production a toujours été un exercice difficile pour eux », fait valoir John Kilduff, qui rappelle que la production du cartel a augmenté de 150 000 barils par jour en février par rapport à janvier, contredisant les engagements du groupe, selon l’agence Reuters.

Pour l’analyste, l’OPEP est animée actuellement de forces centrifuges, plusieurs membres, en particulier les Émirats arabes unis, étant en désaccord avec la ligne dictée par l’Arabie saoudite, qui a poussé l’alliance à annoncer, début octobre, une coupe de sa production de deux millions de barils par jour pour soutenir les cours.

Le cartel a actualisé mardi ses prévisions pour l’année 2023 et a maintenu son estimation d’une hausse de la demande de 2,3 millions de barils par jour. Il a revu à la hausse la demande asiatique, soutenue par la Chine, mais abaissé celle de l’Amérique et de l’Europe.