(New York) Les cours du pétrole ont fini en nette baisse lundi, sur un marché redoutant de voir les turbulences qui frappent le secteur bancaire faire caler l’économie et contracter la demande d’or noir.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a abandonné 2,42 %, pour clôturer à 80,77 dollars. En séance, le Brent est descendu jusqu’à 78,34 dollars, au plus bas depuis début janvier.

Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en avril, il a lâché 2,45 %, à 74,80 dollars.

Fermé ce week-end alors que s’accélérait la crise frappant plusieurs banques américaines, le marché du pétrole a rouvert dans un état fiévreux et les cours ont chuté d’entrée.

« Rien n’a changé sur le plan des fondamentaux du marché, mais c’est quand même sauve qui peut », a commenté Stephen Schork, analyste et auteur du Schork Report. Les opérateurs « s’inquiètent d’une nouvelle panique bancaire. On connaît la chanson. Par le passé, ça a mené à des récessions marquées et c’est une source d’inquiétude en ce moment. »

« Le durcissement des conditions financières pèse sur les prix du brut et entraîne des ventes, qui pourraient pousser les cours au bas de la fourchette dans laquelle ils évoluaient récemment », a observé, dans une note, Daniel Ghali, de TD Securities.

Pour l’analyste, les tensions que vit le système financier sont même susceptibles de faire sortir, à la baisse, le baril des marges resserrées dans lesquelles il évolue depuis trois mois, soit entre 72 et 82 dollars pour le WTI.

« Les prix du pétrole sont en berne depuis que les opérateurs ont été déçus par la prévision de croissance modérée de la Chine », a rappelé, dans une note, Edward Moya, d’Oanda.

Pour Stephen Schork, le fait que l’inflation demeure élevée ne permet pas à la banque centrale américaine (Fed) d’arrêter ses hausses de taux, comme le justifieraient les turbulences dans le secteur bancaire.

Les traders craignent donc que la Fed soit contrainte d’aller plus loin dans son resserrement monétaire, au risque d’asphyxier encore davantage l’économie américaine et faire plier la demande de pétrole.

Le gouvernement américain a approuvé lundi le projet géant Willow de ConocoPhillips, dans le nord-ouest de l’Alaska, malgré la pression d’associations environnementales. Le site pourrait produire, selon les estimations, jusqu’à 576 millions de barils sur environ 30 ans.

« C’est un projet à long terme », qui n’a eu aucun impact sur les cours, a affirmé Stephen Schork.