(Paris) Les Bourses européennes ont reculé vendredi et Wall Street a connu sa pire semaine depuis le début de l’année face à une remontée des taux obligataires, une hausse des prix du pétrole et un regain de tensions géopolitiques en Europe.  

Sur le Vieux Continent, Paris (-0,82 %) et Francfort (-1,39 %) ont enregistré leur deuxième semaine de baisse depuis le début de l’année et la pire depuis mi-décembre. Londres a cédé 0,36 % et Milan 0,86 %.

À Wall Street, le NASDAQ, à dominante technologique a cédé 0,61 % tandis que le Dow Jones et le S&P 500 ont respectivement gagné 0,50 % et 0,22 %. Mais sur la semaine, le S&P 500 a lâché 1,1 % et le NASDAQ 2,4 %, leur plus médiocre performance hebdomadaire depuis le début de l’année.

Les taux souverains sont repartis à la hausse, après une accalmie la veille, revenant près de leur plus haut niveau depuis le 3 janvier, pour les échéances à 10 ans, en France, à 2,83 %, et en Allemagne, à 2,36 %. Le taux américain à 10 ans était à 3,74 %, contre 3,66 % jeudi à la clôture.

Les taux à court terme, les plus sensibles aux anticipations de politique monétaire, grimpaient encore plus. Celui de l’Allemagne à échéance deux ans atteignait 2,74 %, un plus haut depuis 2008.

La longue série d’interventions des banquiers centraux pour rappeler aux investisseurs que la lutte contre l’inflation n’était pas terminée et qu’elle pourrait encore nécessiter des relèvements de taux directeurs a fini par changer un peu la vision des opérateurs sur les politiques monétaires à venir.  

La semaine prochaine sera publié l’indice des prix à la consommation de janvier aux États-Unis.  

Pour David Kruk, responsable de la négociation de La Financière de l’Échiquier, les investisseurs ont intégré que la désinflation devenait une réalité et que les chiffres de l’inflation ne devraient plus provoquer de gros remous sur les marchés, à moins qu’ils soient particulièrement surprenants.

« Le vrai débat aujourd’hui porte sur la qualité des résultats d’entreprises, qui ont été mitigés jusqu’ici », estime-t-il. « À court terme on risque d’avoir des résultats moins bons et des perspectives revues à la baisse », d’autant plus que la consommation risque de ralentir.  

La situation géopolitique a aussi pu inciter certains investisseurs à la prudence après l’annonce du survol par un missile de croisière de la Moldavie, qui a décidé de convoquer l’ambassadeur de Russie, de même que la flambée des cours du pétrole.

Les pétrolières remontent

Les Bourses ont été en outre lestées par la remontée des cours du brut cette semaine, qui ont eux été galvanisés par l’annonce d’une réduction de la production de la Russie. Les actions pétrolières ont en revanche été poussées à la hausse.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a gagné 2,23 %, pour clôturer à 86,39 dollars, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en mars, s’est apprécié de 2,12 %, à 79,72 dollars.

Le géant italien de l’énergie Enel (+1,72 %) a vu ses recettes bondir de 63,9 % en 2022. Ailleurs, TotalEnergies a gagné 2,59 %, Repsol 4,08 %, BP 2,62 %. ExxonMobil a bondi de 4,22 %, et Chevron de 2,10 %.

Sortie de route pour Lyft

La compagnie de location de voitures avec chauffeurs Lyft a plongé de plus de 36 % après avoir fait part de perspectives décevantes pour le trimestre en cours du fait de conditions météorologiques difficiles en Californie, où la société est très présente.

Dans la foulée, son concurrent mais leader du secteur Uber, plateforme de réservation de véhicules avec chauffeur (VTC) et de livraisons de repas, a perdu 4,43 %.

Adidas dérap(pe)

Le second équipementier sportif mondial a dégringolé de 10,88 % après la forte chute de son bénéfice net en 2022 et l’annonce que la rupture de sa collaboration avec le rappeur américain Kanye West pourrait faire le faire basculer dans le rouge en 2023.

Du côté des devises

L’euro reculait de 0,60 % à 1,0676 dollar, et la livre de 0,55 % à 1,2054 dollar vers 16 h 40 (heure de l’Est).

Le premier ministre japonais Fumio Kishida prévoit de proposer l’économiste Kazuo Ueda comme prochain gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), ont annoncé vendredi plusieurs médias nippons sans citer de sources, une surprise qui a fait brièvement bondir le yen. Il s’établissait à 131,42 yens pour un dollar (+0,13 %).

Le bitcoin reculait de 1,59 % à 21 508 dollars.