Les places financières de la planète seront sur les dents cette semaine à mesure que la Chine égrènera une série de statistiques économiques qui seront passées au crible par des investisseurs à l'affût de signes patents de ralentissement.

La deuxième économie mondiale doit publier dans les prochains jours les chiffres du commerce extérieur, de l'inflation, des ventes de détail, de la production industrielle et des investissements en capital fixe.

La semaine dernière, deux indices ont montré que l'activité manufacturière chinoise s'était violemment contractée en août, ce qui a donné des sueurs froides aux marchés internationaux, les investisseurs se demandant si la Chine ne se préparait pas à un «atterrissage brutal».

Des analystes soulignent qu'il ne faut pas lire trop de choses dans la publication de ces indices PMI des directeurs d'achat. Mais l'activité manufacturière est un pilier traditionnel de la croissance chinoise et de nouvelles données moroses pourraient être considérées par les Bourses comme une excuse pour vendre.

«Il y a un risque de (réaction excessive) car la confiance des investisseurs est fragile. À chaque statistique défavorable, les investisseurs réagissent plus que ce qu'ils devraient», a jugé Jackson Wong, analyste pour le groupe Simsen International Financial à Hong Kong.

La Chine a vu sa croissance économique glisser à 7,4 % en 2014, au plus bas depuis presque un quart de siècle, avant de ralentir encore à 7 % aux deux premiers trimestres de 2015.

Le géant asiatique représente 13 % du Produit intérieur brut (PIB) mondial et les marchés s'inquiètent de la contagion du ralentissement chinois sur le reste du monde.

C'est la dévaluation soudaine du yuan face au dollar en août, largement perçue comme un effort désespéré de Pékin pour soutenir la compétitivité de ses exportations, qui a mis le feu aux poudres.

Les autorités chinoises sont en train d'amorcer un douloureux virage vers un nouveau modèle de croissance, qui s'appuie davantage sur la consommation et moins sur les investissements publics.

«Le pessimisme sur les perspectives à court terme de la Chine est exagéré et un relèvement de la croissance au second semestre est déjà dans les tuyaux», a expliqué vendredi l'agence de notation financière Fitch.

Les marchés ont-ils touché le fond?

«Mais les attentes concernant le potentiel de croissance économique à moyen terme sont revues à la baisse, à mesure que les défis posés par la restructuration deviennent plus palpables».

La banque ANZ estime que le PIB va tomber à 6,4 % au troisième trimestre avant de se reprendre à 6,8 % au dernier trimestre. Ce qui serait en deçà des 7 % de croissance annuelle visés par le gouvernement.

«De nouvelles mesures agressives d'assouplissement monétaire, une politique fiscale volontariste et une libéralisation financière sont nécessaires au maintien de la croissance du PIB» aux niveaux souhaités, a estimé la banque dans un rapport.

Sous la pression du ralentissement et de la débâcle boursière, la banque centrale chinoise (PBOC) a décidé fin août une nouvelle baisse des taux d'intérêt. Elle a également abaissé les ratios des réserves obligatoires imposées aux banques, autorisées de facto à prêter davantage.

Ces mesures équivalent à une injection massive de liquidités, en abaissant les coûts d'emprunt pour les particuliers, entreprises et administrations.

D'après la banque japonaise Nomura, les chiffres du commerce extérieur pour août seront «faibles», avec des exportations en recul de 7 % sur un an et des importations en baisse de 10 %. L'inflation devrait s'établir à 1,8 % sous l'effet d'une augmentation des cours du porc, mais la menace de déflation est toujours d'actualité, a prévenu Nomura.

De nombreux analystes estiment toutefois que la Chine réussira à éviter une transition trop douloureuse, même si une croissance ralentie est certainement au rendez-vous.

«L'économie chinoise est sans aucun doute faible cette année et fera face à encore plus de pressions, mais nous pensons que les craintes d'atterrissage brutal provoquées par les hauts et les bas de la Bourse sont exagérées», estiment les économistes d'UBS Donna Kwok et Wang Tao.

«La croissance n'est pas en train de partir en lambeaux comme voudraient le faire croire certains pessimistes».

Néanmoins, la Bourse chinoise avait reculé de 40 % mercredi (dernier jour de cotation avant deux jours fériés) par rapport à son sommet. Et les actions chinoises, qui ont crû de 150 % en un an, un pic largement alimenté par l'endettement, ont encore une marge de baisse.

«Les marchés chinois devraient chuter lundi», a prédit Chen Xingyu, analyste chez Phillip Securities. «Les risquent perdurent en raison des incertitudes sur le creux de la vague».