L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) s’attend à ce que les ventes de maisons diminuent de 0,5 % et à ce que les prix chutent de 5,9 % par rapport à 2022, dont le dernier mois a été marqué par un marché atone, les vendeurs et les acheteurs étant restés sur la touche.

Les prévisions de l’ACI visent un total de 495 858 transactions en 2023 et s’appuient sur des ventes « plus ou moins » stables depuis l’été, « ce qui laisse présager la fin de la diminution des ventes due à la hausse des taux d’intérêt et à des niveaux d’incertitude élevés ».

Les mêmes facteurs pèseront également sur le prix moyen des maisons, qui, selon l’ACI, atteindra 662 103 $ en 2023.

Pour 2024, l’ACI mise sur une hausse de 10,2 % des ventes de propriétés, alors que les marchés continueront de revenir à la normale, tandis qu’elle s’attend à ce que le prix national moyen des propriétés résidentielles augmente de 3,5 % de 2023 à 2024, pour atteindre environ 685 056 $ – un chiffre en dessous de celui de 2022, mais semblable à celui de 2021.

Les prédictions surviennent après une année mouvementée pour le logement au Canada. L’an 2022 a commencé avec des maisons qui changeaient de mains rapidement dans des marchés hyperactifs comme ceux de Vancouver et de Toronto, alors que les taux d’intérêt restaient bas.

Cependant, le printemps a vu des hausses de taux d’intérêt qui ont progressivement freiné les ventes, les vendeurs décidant de retirer leurs propriétés du marché pour attendre que les prix augmentent à nouveau et les acheteurs ayant décidé que leurs versements hypothécaires seraient trop élevés pour effectuer un achat.

« Les taux d’intérêt sont tout simplement trop élevés », a estimé Michelle Gilbert, courtière torontoise de Sage Real Estate.

« Beaucoup de personnes avec lesquelles je travaille sont des personnes qui doivent déménager, donc des personnes qui doivent se déplacer pour le travail […] ou qui doivent emménager dans une plus grande maison. »

Décembre « particulièrement lent »

Les investisseurs ont pour la plupart disparu, tout comme les acheteurs d’une première maison, faisant chuter les ventes de propriétés. En décembre, les transactions ont diminué de 39,1 % par rapport au même mois en 2021, a indiqué l’ACI.

Cependant, l’association a souligné que les ventes nationales de maisons en décembre 2022 avaient augmenté de 1,3 % par rapport à celles de novembre.

L’économiste en chef de BMO Marchés des capitaux, Doug Porter, a estimé que ces chiffres étaient un signe qu’il y a peu de ventes forcées en ce moment, ce qui contribue à soutenir les prix.

Cependant, il a mis en garde contre les prévisions qui ne s’appuient que sur un seul mois.

« L’activité immobilière a tendance à être plus calme en décembre et en janvier de toute façon, il n’est donc pas sage de trop tirer de conclusion au tournant de l’année », a-t-il écrit dans une note aux investisseurs.

« Mais ce décembre a été particulièrement lent, à la fois pour les ventes et, surtout, pour les nouvelles inscriptions à la vente. »

Le dernier mois de 2022 a également marqué une nouvelle dépression des prix. Le prix national moyen réel des maisons en décembre était de 626 318 $, en baisse de 12 % par rapport à celui du dernier mois de 2021.

Un marché de printemps en vue ?

Alors que sur la plupart des marchés, les prix ont baissé après avoir atteint un sommet au début de 2022, ils restent bien au-dessus de ce qu’ils étaient à l’été 2020, a ajouté l’ACI.

« Alors que nous nous tournons vers la saison cruciale des ventes printanières, la question primordiale est de savoir qui sortira de l’hibernation avec plus de force : les acheteurs ou les vendeurs ? », s’est demandé M. Porter.

Nous soupçonnons que le marché va encore digérer la montée rapide des taux d’intérêt et que les acheteurs seront plus réticents à réapparaître, ce qui devrait garder les prix sous pression pendant un certain temps encore.

Doug Porter, économiste en chef de BMO Marchés des capitaux

Mme Gilbert est d’accord et prédit que 2023 sera l’année où des vendeurs tenteront de mettre fin à l’impasse.

« Nous allons voir des vendeurs sortir de leur cachette parce que je ne pense pas qu’ils veuillent attendre que le marché ait atteint son plus bas niveau », a-t-elle fait valoir.

« Je pense que ça pourrait annoncer un marché de printemps. »

Cependant, elle a prévenu que les acheteurs seraient moins enclins à revenir sur le marché à moins que les hausses de taux d’intérêt ne s’atténuent ou que le taux directeur ne commence à baisser. La plupart des économistes s’attendent à ce que la Banque du Canada procède à au moins une autre hausse de taux, plus tard ce mois-ci, pour lutter contre une inflation obstinément élevée.