(Ottawa) Un comité des Communes a assigné comme témoin le patron de Bell Canada pour qu’il vienne expliquer le 11 avril prochain la décision de l’entreprise de supprimer des milliers d’emplois à travers le pays.

Le président et chef de la direction de Bell, Mirko Bibic, avait d’abord été invité à comparaître devant le Comité permanent du patrimoine canadien le 29 février, puis le 19 mars, mais les députés indiquent qu’il n’a pas pu y assister jusqu’à présent.

La semaine dernière, lors d’une réunion à huis clos, le comité des Communes a convenu d’assigner à comparaître M. Bibic le 11 avril, cette fois, pour répondre aux questions et expliquer les suppressions d’emplois.

Lorsqu’un témoin ignore une invitation à comparaître au Parlement, un comité des Communes peut le contraindre par une assignation.

Bell Canada Entreprises (BCE), la société mère de Bell Média, « a procédé à son plus important licenciement en 30 ans et n’a même pas pris la peine de se présenter pour expliquer aux Canadiens pourquoi », a déclaré la députée néo-démocrate Niki Ashton, qui a présenté au comité la motion visant à convoquer M. Bibic.

Comme il s’agissait d’une réunion à huis clos, on ne sait pas clairement quels partis ont appuyé l’assignation à comparaître.

Un porte-parole de M. Bibic a déclaré qu’il avait déjà accepté de comparaître devant le comité en mars, avant que la réunion ne soit reportée par le greffier du comité. Le greffier n’a pas répondu à une demande de confirmation de cette version des faits.

Mme Ashton a écrit à M. Bibic le 19 mars pour lui faire part de ses inquiétudes quant au fait que son équipe avait demandé à plusieurs reprises de reporter la comparution.

« Vous avez indiqué dans votre correspondance avec le comité que vous ne pouviez assister à aucune de nos réunions avant la fin mai, a écrit la députée Ashton. Peut-être que vous seriez moins occupé si l’un des 4800 employés que vous avez licenciés avait toujours son emploi. »

Le comité « n’est pas seulement un contretemps personnel qui peut être reporté à nouveau », a déclaré Mme Ashton. Elle estime plutôt que M. Bibic « doit bien aux Canadiens » d’expliquer comment Bell a procédé à sa plus importante suppression d’emplois depuis des décennies.

Le syndicat Unifor, qui représente des milliers de travailleurs chez BCE et Bell Média, a déjà soutenu que la décision de reporter la comparution de février à mars avait été demandée par l’entreprise.

Le porte-parole de M. Bibic a déclaré que le PDG comparaîtrait devant le comité en avril et qu’il avait bien hâte de discuter avec les députés.

BCE a annoncé en février qu’elle réduisait ses effectifs de 4800 postes, notamment en éliminant plusieurs téléjournaux et en vendant 45 de ses 103 stations de radio au pays, dont sept en région au Québec.

L’entreprise a imputé ces coupes au gouvernement fédéral et au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes. BCE affirme qu’Ottawa a mis trop de temps à aider les entreprises médiatiques en crise.