Après s’être buté aux subalternes de Réal Bouclin à maintes reprises, celui qui représente les banquiers de Groupe Sélection a finalement pu s’entretenir avec le président et fondateur de l’entreprise insolvable. Il faudra cependant patienter avant d’y voir plus clair dans les finances en raison du récent différend entourant le contrôle de la restructuration.

C’est ce que révèle le contenu du deuxième rapport de PwC, le contrôleur des prêteurs, signé par son représentant Christian Bourque. Déposé mercredi, le document de 17 pages souligne également que le géant des résidences pour aînés (RPA) et constructeur immobilier aura besoin de 11,5 millions pour se rendre à Noël — une somme puisée dans l’enveloppe de 20 millions offert par le syndicat bancaire à titre de financement intérimaire.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Réal Bouclin

« Le déploiement du financement intérimaire […] ne satisfait qu’une période très courte et une nouvelle demande devra être formulée dès que des projections à plus long terme pourront être revues par le contrôleur », peut-on lire.

Selon le document, les efforts de Groupe Sélection pour conserver le contrôle de l’entreprise ont « perturbé » le « travail de préparation » visant à y voir plus clair dans les finances de l’entreprise, qui a été montrée du doigt pour sa gestion déficiente depuis qu’elle s’est placée sous la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC), le 14 novembre dernier.

En selle

Le contrôleur est maintenant bien installé aux commandes. Lundi, la Cour d’appel du Québec a rejeté la demande de permission d’en appeler de Groupe Sélection, qui s’opposait à la décision d’un tribunal inférieur de confier son redressement financier à ses banquiers, qui ont demandé le remboursement d’un prêt de 272 millions. Ce processus se poursuivra ce jeudi, devant la Cour supérieure, qui supervise la restructuration judiciaire.

M. Bourque s’est entretenu avec M. Bouclin et son équipe le 23 novembre dernier, par l’entremise d’une visioconférence. Mardi, une autre rencontre, à laquelle participait le fils du propriétaire (Philippe-Olivier), s’est tenue pour « discuter de la mise en place […] des principaux objectifs à court terme ».

Lors des audiences pour déterminer qui allait avoir la charge du redressement, M. Bourque avait déploré, pendant son témoignage, son incapacité à avoir un accès direct à M. Bouclin dans les mois précédant la débâcle de l’entreprise. Le contrôleur avait finalement pu rencontrer l’homme d’affaires la semaine avant que l’entreprise se tourne vers la LACC.

Des discussions ont également eu lieu avec Yves Mongeau, le premier vice-président, immobilier. Cette division est responsable d’une importante partie des débours de Groupe Sélection, qui perdait mensuellement 7 millions.

« La révision détaillée des projets de construction sera effectuée dans les prochaines semaines », souligne M. Bourque.

De petites réserves

D’après le portrait brossé par le contrôleur, il restait environ 4,8 millions dans les coffres du propriétaire et gestionnaire de RPA. Les coffres continueront à se vider au cours des prochaines semaines. Il restera à peine plus d’un million le 24 décembre. Une nouvelle tranche de financement sera donc nécessaire.

Au cours des prochaines semaines, deux appels de fonds totalisant 3,5 millions sont prévus pour assurer le maintien des services dans les RPA. De plus, 700 000 $ ont été versés pour respecter les conditions du financement intérimaire qui avait été obtenu par Groupe Sélection avant d’être écarté par les tribunaux.

Le plan à court terme du contrôleur de Groupe Sélection

  • Révision des projets de construction en cours avec réduction ou arrêt des activités
  • Réduction des frais fixes et des besoins de liquidités
  • Revue des couvertures d’assurance
  • Prise en charge du processus de monétisation (vente d’actifs)
  • Mise en place le financement intérimaire
  • Instauration d’une stratégie de communication avec les nombreuses parties impliquées

Par ailleurs, évoquant « l’envergure du dossier », PwC demande une rémunération plus élevée. La firme souhaite que la « charge administrative » soit augmentée à 1,5 million. M. Bourque n’a pas fini de passer l’entreprise au peigne fin.

« Les procédures de stabilisation étant encore à un stade préliminaire, le contrôleur désire revenir devant le tribunal avant le congé des Fêtes de fin d’année pour lui fournir plus d’information sur le travail accompli et à accomplir dans les semaines à venir », précise le rapport.

Au total, les créances de Groupe Sélection s’élevaient à 904 millions en date du 14 novembre. Il y avait environ 60 millions à payer à des créanciers ordinaires — des fournisseurs qui pourraient se retrouver les mains vides. Parmi les créanciers, on retrouve cependant plusieurs sociétés liées ou apparentées à Groupe Sélection.

En savoir plus
  • 845 millions
    Somme des créances garanties de Groupe Sélection.
    Source : pwc