(Stockholm) IKEA a annoncé jeudi un chiffre d’affaires annuel en légère hausse, mais qualifié l’exercice de « difficile » du fait de l’inflation, des problèmes de pénuries et de l’arrêt de ses activités en Russie, où le numéro un mondial du meuble a déjà remercié 10 000 collaborateurs.

Pour l’exercice annuel septembre 2021-août 2022, les quelque 470 magasins et points de vente de la multinationale ont réalisé des ventes en hausse de 6 %, à 44,6 milliards d’euros, a annoncé Inter IKEA, le holding de tête du groupe basé aux Pays-Bas.

Mais le principal dirigeant du groupe de 230 000 employés, qui doit publier le chiffre de ses profits en novembre, a reconnu que les ventes en volume « n’augmentent pas ».

« Nous avons dû augmenter nos prix », ce qui a « des effets énormes » avec des « portefeuilles moins épais », a déclaré dans un entretien à l’AFP Jon Abrahamsson Ring, directeur général d’Inter IKEA.

« Nous avons eu des problèmes de disponibilité à cause de pénuries, notamment pour sortir des produits d’Asie […] Nous avons eu de fortes hausses des matières premières dans tous les domaines […] et bien sûr la situation en Russie », a-t-il détaillé.

Le groupe a procédé à des licenciements « substantiels » parmi ses 15 000 employés en Russie, après l’arrêt de ses activités en mars, a expliqué le patron d’Inter IKEA, assurant agir « du mieux possible » vis-à-vis du personnel.

Pour la seule partie ventes (12 000 employés) la multinationale a déjà « dû dire au revoir » à 10 000 personnes qu’elle employait, a précisé à l’AFP Jesper Brodin, le patron d’Ingka, la société chapeautant la plupart des franchisés du groupe.

Premier IKEA en Amérique du Sud

Avec 17 magasins, le marché russe représentait avant la guerre environ 4 à 5 % des ventes totales du groupe.

Ce manque à gagner s’ajoute aux effets de l’inflation sur le géant du meuble en kit, connu pour ses prix bas.

En décembre 2021, face au début de la vague inflationniste actuelle dans le monde, IKEA avait annoncé une rare hausse de ses prix, de 9 % en moyenne.

Le géant bleu et jaune « ne veut absolument pas » rééditer des hausses, « mais nous ne pouvons pas l’exclure », a dit M. Abrahamsson Ring.

Le groupe assure avoir déjà réduit de « près d’un milliard d’euros » ses marges pour ne pas répercuter toutes les hausses « et cela va se refléter dans nos finances », a-t-il indiqué.

Même si IKEA note une dégradation de la confiance des consommateurs, la situation s’améliore sur le front des problèmes logistiques qui ont handicapé l’économie mondiale depuis deux ans.

« On voit une bien meilleure situation, même si nous ne sommes pas encore à la normale », a noté M. Brodin.

Si les économistes prévoient une récession dans de nombreux pays, ces derniers mois « nous avons vu des hausses de ventes à deux chiffres, ce que nous n’avions pas vu depuis longtemps », a-t-il ajouté.

Également côté positif, IKEA a continué à ouvrir des magasins, dont le premier en Amérique du Sud, à Santiago du Chili.

Le géant du meuble, qui ces dernières années a lancé de nouvelles enseignes plus petites et proches des centres-ville, a atteint un total de 474 magasins fin août, contre 458 un an plus tôt, selon M. Abrahamsson Ring, et ce malgré les fermetures en Russie.

Fondé en 1943 dans le sud de la Suède par feu Ingvar Kamprad, IKEA n’est pas coté en Bourse et n’a donc pas d’obligation de communiquer sur sa santé financière.  

Régulièrement accusé de manque de transparence financière et de montages d’optimisation fiscale, le groupe a toutefois commencé à publier partiellement ses résultats depuis 2010.