Lightspeed a suscité l’enthousiasme jeudi après avoir présenté ses résultats de fin d’exercice et une mise à jour de ses perspectives pour les mois à venir.

Le titre de l’entreprise montréalaise spécialisée en commerce infonuagique (services de paiement notamment) a gagné 10 % pour clôturer à 28,65 $ à Toronto. Lightspeed avait perdu 50 % de sa valeur boursière depuis le 1er janvier avant la séance de jeudi et l’action demeure toujours très loin de son sommet de 165 $ atteint en septembre.

Lightspeed a surpassé les attentes en générant des revenus de 147 millions US, en hausse de 78 % sur un an pour le quatrième trimestre de son exercice financier.

« La forte performance provient de la croissance organique de 48 % des revenus d’abonnement et de transactions combinés à la contribution des acquisitions », indique l’analyste Richard Tse, de la Financière Banque Nationale.

La perte d’exploitation ajustée de 19,7 millions US surpasse également les prévisions, ajoute-t-il.

La performance a été enregistrée malgré des conditions difficiles en janvier et en février, contrebalancées par un mois de mars « très solide », selon la direction.

L’entreprise a pu bénéficier du retour des clients dans les magasins et les restaurants.

« Si une telle performance ne parvient pas à finalement abasourdir le bruit autour du titre de Lightspeed, je ne sais pas ce qui pourra le faire », a lancé l’analyste Andrew Jeffrey, de la firme Truist Securities, durant la conférence téléphonique organisée jeudi matin avec la direction.

L’unique bémol pouvant être souligné, selon Richard Tse, est que Lightspeed ne s’attend à générer un bénéfice brut ajusté équilibré que pour l’exercice qui sera clos le 31 mars 2024. « Le marché espérait voir ça se produire durant l’exercice 2023 ou à la fin de cet exercice », dit-il.

Nommé PDG en février, J. P. Chauvet a expliqué que le contexte inflationniste et même une récession sont des éléments favorables aux activités de Lightspeed.

CAPTURE D’ÉCRAN

Le PDG de Lightspeed, J. P. Chauvet, en entrevue avec La Presse jeudi

« Nous aidons les marchands à optimiser leurs opérations pour qu’ils diminuent le nombre d’actions manuelles à effectuer pour ainsi pouvoir opérer avec moins d’employés. Et une récession n’est rien comparativement à ce que les marchands ont eu à vivre durant la pandémie. Plus les marchands automatiseront leurs activités, plus nous serons en bonne posture », a-t-il dit.

J. P. Chauvet rappelle que la taille du marché mondial atteint 46 millions de restaurants et de détaillants et que de ce nombre, 7 millions sont dans la ligne de mire de Lightspeed. Ce sont les mieux établis, les plus sophistiqués et les moins susceptibles de fermer, précise-t-il en ajoutant que le marché à conquérir est « énorme » puisque Lightspeed compte aujourd’hui dans sa clientèle 163 000 des 7 millions de commerces qu’elle cible.

« Il y a toute une révolution qui va se produire. La vaste majorité du marché visé roule sur de vieilles plateformes », dit-il.

La Presse s’est entretenue avec J. P. Chauvet jeudi pour échanger sur différents sujets touchant Lightspeed. Voici un résumé de ses propos.

L’action s’apprécie enfin en Bourse. Ça fait du bien de voir ça ?

« Ça fait longtemps que j’ai arrêté de regarder le prix de l’action. Je me sens très bien parce qu’on a une très belle compagnie. La croissance est très forte. On a une clarté absolue sur la rentabilité. Je suis très content. La valeur du titre aujourd’hui, c’est du court terme. On est là pour le long terme et les gens vont se rendre compte à un certain moment qu’on est complètement sous-évalués en termes de valeur. Mais notre focus n’est pas là. On ne cherche pas à réaliser une ronde de financement ni à vendre des actions. »

Pensez-vous avoir finalement convaincu les investisseurs ?

« Oui. Ça fait 10 ans que je suis chez Lightspeed. On augmente chaque trimestre nos perspectives de chiffre d’affaires. Chaque fois, on se rapproche de la rentabilité. Tout va très bien. Les gens vont réaliser que Lightspeed est une compagnie fiable, en forte croissance, et qui s’adresse à un important marché. »

Ainsi donc, l’inflation et même une récession sont de bon augure pour Lightspeed ?

« Oui. Mais la première chose très bonne pour Lightspeed est d’abord le retour vers le monde réel. C’est important, car la vaste majorité de nos clients (90 %) transigent dans le monde réel. Lorsque les gens retournent dans les magasins, le chiffre d’affaires augmente, il y a un plus grand volume de transactions. Malgré un ralentissement, tous les nouveaux restaurants et commerces de détail utiliseront dans l’avenir des plateformes comme celle de Lightspeed. En récession, les commerçants voudront embaucher moins de monde, ils voudront des systèmes automatisés et c’est exactement ce qu’on offre. On permet à nos clients de faire plus avec moins. »

Quel est votre plus grand défi ?

« C’est la croissance. On a entre 200 et 300 postes ouverts sur notre site web. Comme on génère une croissance organique de 50 % par année, notre plus gros défi est de s’assurer d’embaucher les bonnes personnes. »

Quel est l’état de votre situation financière ?

« Nous avons approximativement 1 milliard en banque. On est extrêmement bien capitalisés. Pour l’instant, on se concentre sur la livraison de solutions permettant à nos clients de bien performer dans le contexte du retour à une vie normale. On a acheté plusieurs entreprises ces dernières années. Les entreprises en technologies sont fortement dépréciées en ce moment. On a les yeux ouverts. On veut acheter pour appuyer notre croissance et non être achetés. C’est pourquoi c’est important d’être bien capitalisé pour contrôler sa destinée. »