Malgré une promesse de corriger le tir après avoir tenu à l’écart les francophones de son conseil d’administration, la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) a été vivement écorchée, jeudi, tant à Québec qu’à Ottawa.

« Inacceptable ». C’est le mot qui a été utilisé par le premier ministre du Québec, François Legault et le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, lors de leurs points de presse respectifs.

« J’ai été époustouflé d’entendre cette situation-là, qu’une compagnie comme le CN, une compagnie nationale, assujettie aux règles fédérales, assujettie à la Loi sur les langues officielles, n’ait pas vu ce qui s’est passé chez Air Canada et n’ait pas appris la leçon qui me semblait être tout à fait évidente », a affirmé M. Trudeau, lors d’une conférence de presse.

Malgré sa sortie, ce dernier n’est toutefois pas allé jusqu’à dire si son gouvernement devrait légiférer pour fixer des seuils à respecter en matière de diversité linguistique. M. Trudeau estime que l’on devrait retrouver des francophones à tous les conseils d’administration des grandes sociétés canadiennes.

PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE

Justin Trudeau

À Québec, le gouvernement Legault est allé un peu plus loin en exprimant le fond de sa pensée au plus grand transporteur ferroviaire au pays.

« On a parlé à la direction du CN, a dit M. Legault, lors d’une conférence de presse. On a eu l’assurance qu’ils vont nommer quelqu’un qui est québécois et francophone. »

En réaction au tollé, le plus important transporteur ferroviaire au pays a réitéré son désir de corriger le tir en soulignant que deux administrateurs devaient tirer leur révérence au cours des prochains mois. Cela laisse entendre que des francophones reviendraient au C.A. Il est permis de croire que l’entreprise précisera ses intentions lors de son assemblée annuelle des actionnaires, prévue le 20 mai. Sur les 11 membres du conseil d’administration de la compagnie, 6 sont des femmes.

« Le conseil d’administration du CN peut nommer des membres supplémentaires au conseil, a indiqué l’entreprise, dans une déclaration. Cette option sera considérée lorsque le conseil sera élu lors de l’assemblée générale annuelle. »

Sur la scène fédérale, les trois partis de l’opposition n’ont pas raté l’occasion d’écorcher le CN pour son faux pas linguistique.

Le Parti conservateur s’est inquiété de « l’inaction du gouvernement fédéral dans le dossier », tandis que chez les bloquistes, on demande à la ministre Ginette Petitpas Taylor d’« interpeller directement » le conseil d’administration du transporteur ferroviaire « pour s’assurer de la présence de francophones ». De son côté, le Nouveau Parti démocratique a estimé que les libéraux de Justin Trudeau « font semblant de se préoccuper du déclin du français ».

Avec la collaboration de Mylène Crête, La Presse