(Montréal) Les employés du Chemin de fer Canadien Pacifique sont de retour au travail, mais un expert en relations de travail estime qu’il pourrait s’écouler des semaines avant que les différends ne soient réglés entre le deuxième transporteur ferroviaire au pays et le syndicat représentant 3000 conducteurs, mécaniciens et autres travailleurs.

Le Canadien Pacifique (CP) et la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada ont annoncé, tôt mardi, qu’ils avaient convenu de se soumettre à un arbitrage définitif et exécutoire pour mettre fin à l’arrêt de travail qui a commencé en fin de semaine.

« Compte tenu de la notoriété de cette entreprise, le processus d’arbitrage sera probablement accéléré, mais nous ne parlons pas de jours, nous parlons de semaines », a souligné Robert Hickey, professeur de droit du travail et de l’emploi à l’Université Queen’s, lors d’une entrevue.

Il a également noté que le CP était bien conscient de l’importance et de la nécessité de gérer les relations de travail et de régler rapidement le différend, alors qu’il attend l’approbation d’un organisme de réglementation américain pour finaliser sa fusion avec le chemin de fer américain Kansas City Southern.

« Les relations de travail sont un élément clé pour être un acteur concurrentiel sur ce marché », a-t-il fait valoir.

Dans une déclaration publiée tôt mardi, le porte-parole de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, Dave Fulton, a indiqué que même si l’arbitrage n’était « pas la méthode privilégiée », le syndicat avait pu « négocier des conditions qui étaient dans le meilleur intérêt » de ses membres. Les salaires et le régime de retraite demeurent des pierres d’achoppement, précisait le communiqué.

De son côté, le chef de la direction du CP, Keith Creel, a affirmé dans un communiqué que le chemin de fer était heureux d’avoir conclu l’accord pour entrer en arbitrage exécutoire, ce qui lui permettait de rétablir les services essentiels pour les clients et la chaîne d’approvisionnement nord-américaine.

Le communiqué ajoute que le CP commencera à travailler avec les clients pour reprendre l’exploitation normale des trains au pays le plus rapidement possible.

Les deux parties s’étaient rencontrées avec l’aide de médiateurs fédéraux.

M. Hickey ne croit pas que les Teamsters obtiendront tout ce qu’ils veulent, pas plus que le CP, précisant que souvent, dans les situations qui se règlent avec l’arbitrage, les deux parties restent insatisfaites. Cependant, il ne croit pas que cela garantisse nécessairement que plus de grèves surviendront par la suite.

« Je ne pense pas que cela pave la voie à un conflit soutenu », a-t-il estimé. « Ces deux-là ont une relation continue qui comporte certainement son lot de différends lors des négociations de renouvellement de contrat, mais ils savent aussi comment parvenir à un règlement et se remettre au travail. »

Le CP a interrompu ses activités dimanche, juste après minuit. Quelques heures plus tard, les Teamsters ont publié une déclaration disant que les employés étaient en lock-out, mais également en grève.

Des groupes de l’industrie avaient exhorté Ottawa à introduire une loi spéciale pour forcer le retour au travail des employés du CP.

Le ministre fédéral du Travail, Seamus O’Regan, a déclaré dans un communiqué que le résultat « ne fait que confirmer que lorsque les employeurs et les syndicats collaborent, nous obtenons les meilleurs des résultats pour les Canadiens et notre économie ».

« C’est ce que j’espérais », a-t-il ajouté lors d’une entrevue depuis Calgary. « L’important, c’est que les trains circulent aujourd’hui. »

M. O’Regan a également affirmé que, lorsque la poussière de cette récente négociation et grève sera retombée, il serait peut-être temps pour le gouvernement de chercher un moyen d’apporter plus de certitude aux futures négociations contractuelles. Il y a eu plusieurs conflits de travail ferroviaires au cours de la dernière décennie, au CP et à la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (Canadien National).

Mais le ministre O’Regan a ajouté qu’il n’était pas vendu à l’idée de faire des chemins de fer un service essentiel, car cela enlèverait aux travailleurs le droit de négocier.