Les ventes d’électricité d’Hydro-Québec ont atteint un sommet de tous les temps en 2021, ce qui a permis à la société d’engranger un profit net record de 3,5 milliards.

Il s’agit d’une augmentation de plus de 50 % sur les résultats de l’année précédente, qui avaient été plombés par la crise sanitaire. « On a réussi à faire flèche de tout bois », a affirmé la présidente-directrice générale, Sophie Brochu. « L’économie était là, la demande au Québec était là, la demande sur les marchés américains était là, l’hydraulicité était bonne », a-t-elle énuméré jeudi lors d’une rencontre virtuelle.

Les températures douces de l’hiver dernier sont le seul élément à avoir joué contre Hydro-Québec en 2021, a indiqué son vice-président aux finances, Jean-Hugues Lafleur. Si l’hiver avait été normal, le bénéfice net aurait été plus élevé d’« une centaine de millions », a-t-il dit.

Cette rentabilité record fait en sorte que le gouvernement du Québec, à qui la société d’État verse la plus grande partie de ses profits, recevra un dividende de 2,7 milliards, le plus élevé jamais reçu depuis qu’Hydro-Québec existe.

L’entreprise a profité à la fois d’une augmentation de la consommation d’électricité au Québec et d’une hausse du volume et des prix sur les marchés d’exportation.

Au Québec, les ventes d’électricité ont atteint un sommet, à 175,2 térawattheures, grâce à la reprise des activités commerciales et industrielles. Le prix de l’aluminium, qui a atteint un niveau record en 2021, a aussi contribué à la rentabilité d’Hydro-Québec, dont les contrats avec les alumineries sont liés au prix du métal sur le marché international.

La hausse du prix de l’aluminium se poursuit cette année, a noté M. Lafleur, « ce qui est une bonne nouvelle à terme pour Hydro-Québec ».

Sur les marchés d’exportation, les ventes ont augmenté de 15 %, pour atteindre 35,6 térawattheures. C’est la première fois depuis 2018 que les exportations nettes dépassent le seuil des 35 térawattheures.

Le prix moyen des ventes sur les marchés de New York et de la Nouvelle-Angleterre a aussi été plus élevé en raison de l’augmentation généralisée du prix des autres formes d’énergie, notamment celui du gaz naturel. Hydro-Québec a obtenu un prix moyen de 4,7 cents par kilowattheure exporté, par rapport à 4,2 cents en 2020.

Par ailleurs, Hydro-Québec a bénéficié des meilleures conditions sur les marchés financiers. Ses frais de financement ont baissé, et le coût de son régime de retraite a aussi diminué. Ensemble, ces deux facteurs ont eu un effet à la hausse de près de 500 millions sur le bénéfice net.

Énergir et gilets jaunes

L’entente conclue entre Hydro-Québec et Énergir pour convertir une partie du chauffage du gaz naturel vers l’électricité a été largement dénoncée parce qu’elle prévoit qu’Hydro-Québec versera jusqu’à 400 millions au distributeur gazier, ce qui ajoutera 1,4 % à l’augmentation annuelle des tarifs d’électricité.

Sophie Brochu, qui était à la tête d’Énergir avant de diriger Hydro-Québec, a soutenu que cette entente était nécessaire. C’est ce qu’on pouvait faire de mieux pour gérer la demande de pointe, a-t-elle fait valoir. « Si on avait pu faire ça à moins cher, on l’aurait fait. »

La PDG a rappelé que la demande d’électricité était en croissance et que pour satisfaire la demande de pointe à venir, il aurait fallu construire de nouvelles installations d’une capacité de 2000 mégawatts, soit l’équivalent du complexe de la Romaine. Les autres solutions, comme le stockage, n’auraient pas suffi et auraient coûté plus cher, selon elle.

« Les factures d’électricité exploseraient, et ça ferait des gilets jaunes au Québec », a-t-elle dit.

Réorganisation

En même temps que ses résultats annuels, Hydro-Québec a annoncé une réorganisation de ses activités en quatre groupes pour mieux faire face à la transition énergétique.

Dès son arrivée à la tête d’Hydro-Québec, en 2021, Sophie Brochu avait éliminé les divisions Production, Distribution et Transport, qui étaient en place depuis plus de 20 ans. « Le concept d’une division, par définition, divise et ne reflète pas notre aspiration à travailler de manière collaborative », avait alors expliqué la dirigeante dans un message aux employés.

Les quatre nouveaux groupes refléteront mieux les activités de la société d’État « de derrière les barrages jusqu’à derrière les compteurs », a-t-elle illustré. Ces groupes sont Stratégies et développement, Planification intégrée des besoins énergétiques, Infrastructures et système énergétique ainsi qu’Exploitation et expérience client.

Les changements, qui seront en vigueur à compter du 28 février, n’ont pas pour but de réduire l’effectif de l’organisation, a assuré Mme Brochu.

En savoir plus
  • 4,2 milliards
    Somme qu’Hydro-Québec a investie en 2021, principalement dans la construction et la réfection de postes et d’installations de transport. Il s’agit d’une augmentation de 25 % par rapport à 2020, alors que le rythme des investissements avait été ralenti par la pandémie.
    source : Hydro-Québec