Les travailleurs d’un centre de distribution de Sobeys à Terrebonne se sont mis en grève après l’échec des négociations entre l’entreprise et le syndicat cette semaine, une situation qui pourrait mettre à rude épreuve une chaîne d’approvisionnement alimentaire déjà fragilisée.

Environ 190 travailleurs de l’entrepôt d’alimentation automatisé en banlieue nord de Montréal ont débrayé lundi soir et commencé à faire du piquetage devant l’établissement, a indiqué Kim Bergeron, une avocate représentant la section locale 501 des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce (TUAC).

Selon elle, le syndicat et l’entreprise sont parvenus à une impasse après plus d’une dizaine de réunions depuis novembre, les salaires et les avantages sociaux apparaissant comme les principaux points de friction.

La grève survient à un moment où des problèmes de chaîne d’approvisionnement laissent déjà les étagères des épiceries canadiennes moins garnies que d’habitude, tandis que les hausses de coût des ingrédients, du transport et de la main-d’œuvre font grimper les prix des aliments.

La porte-parole de Sobeys, Jacquelin Weatherbee, a indiqué que l’entreprise avait mis en place des plans d’urgence pour soutenir ses magasins IGA au Québec à partir des centres de distribution voisins.

« Nous travaillons très fort pour nous assurer qu’il y ait un impact minimal sur nos magasins IGA à travers la province », a-t-elle expliqué dans une déclaration.

« Nous sommes évidemment déçus du résultat de ces négociations à ce jour. Tout ce que nous voulons, c’est un accord équitable qui soit bon pour nos partenaires et qui maintienne la compétitivité de notre entreprise. »

L’épicier a averti les fournisseurs des retards potentiels et des lignes de piquetage à l’entrepôt.

« Les partenaires fournisseurs doivent s’attendre à des retards lors de l’accès au site de Terrebonne en raison de la grève », a indiqué le vice-président de la distribution pour le centre du Canada de Sobeys, Simon Morin, dans une lettre aux fournisseurs.

« Veuillez informer vos employés qu’ils pourraient être tenus de franchir une ligne de piquetage lors de la livraison à notre site de Terrebonne. »

Le conflit de travail est surveillé de près par les analystes.

Le débrayage au centre de distribution de Terrebonne « ajoute une autre couche de complexité aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement à l’échelle de l’industrie », a estimé Irene Nattel, analyste chez RBC Dominion valeurs mobilières, dans une note à ses clients.

Les effets d’une grève de courte durée devraient être minimes, a-t-elle ajouté.

En outre, Mme Nattel a souligné que l’échec des négociations et le mandat de grève qui en résultait n’étaient « pas incompatibles avec le processus de négociation ».

Les documents déposés par l’entreprise indiquent que l’épicier est prêt à accepter les coûts à court terme de l’interruption de travail « pour soutenir un engagement à construire et à maintenir une structure de coûts concurrentielle à long terme », a-t-elle noté.

Mme Weatherbee a expliqué que Sobeys négociait plus de 60 conventions collectives à travers le Canada chaque année, et qu’elle n’avait pas été confrontée à une grève depuis plus d’une décennie.

Fin janvier, le syndicat représentant les travailleurs d’un entrepôt de Sobeys en Ontario a indiqué avoir ratifié un contrat de quatre ans avec des « augmentations de salaire massives ».

Unifor a précisé que l’accord couvrant plus de 500 travailleurs d’un centre de distribution à l’est de Toronto prévoyait une augmentation de salaire à temps plein de 19,5 % sur quatre ans.

L’épicier, propriété de la société Empire, a également accepté des primes de signature, doublé sa contribution au régime enregistré d’épargne-retraite et ajouté une sixième semaine de vacances aux employés comptant au moins 26 ans d’ancienneté.

« Grâce à la négociation collective, nous avons été en mesure de livrer un contrat solide qui comprend une augmentation de salaire considérable pour les travailleurs existants ainsi que pour les futures embauches, tout en uniformisant les règles du jeu pour nos membres à temps partiel », a affirmé Pat Twohey, président des négociations pour la section locale 1090 d’Unifor.

Le syndicat représentant les travailleurs de Sobeys au Québec n’a pas divulgué les détails des augmentations de salaire et des avantages sociaux qu’il demande.

Mme Weatherbee a précisé que les revendications du syndicat étaient « nettement supérieures à la moyenne du marché ».

La convention collective a expiré plus tôt ce mois-ci.