Dollarama défend sa décision d’avoir recours à des agences de placement, alors que les actionnaires devront voter mercredi matin lors de l’assemblée annuelle sur une résolution présentée par un syndicat relativement au traitement de ce type de travailleurs.

L’environnement de travail chez le détaillant est « sécuritaire et efficace », y compris pour les travailleurs embauchés par l’entremise d’agences de placement « vérifiées et réputées », insiste le conseil d’administration dans sa réponse incluse dans la circulaire de sollicitation, un document à l’intention des actionnaires.

Le recours à ces agences, affirme l’entreprise établie à Montréal, fait « partie intégrante du modèle d’affaires » et permet de combler les besoins en personnel qui fluctuent en fonction du volume des ventes et de pourvoir des postes qui ont un fort taux de roulement attribuable au salaire « de premier échelon ».

Dollarama note que les agences de placement sont « couramment utilisées » dans les secteurs publics et privés et qu’elles sont « régies par les mêmes lois et règlements que tous les employeurs québécois ».

Dans une proposition qui sera présentée en bonne et due forme et à laquelle le conseil d’administration recommande « de voter contre », le syndicat des fonctionnaires provinciaux de la Colombie-Britannique réclame que Dollarama prépare un rapport décrivant « la façon dont elle évalue et atténue les risques liés aux droits de la personne découlant de son recours à des agences de placement tierces pour combler ses besoins en main-d’œuvre à ses entrepôts et à son centre de distribution ».

Le syndicat, qui représente 82 000 employés, détient depuis 2016 environ 22 000 actions du détaillant dans des fonds de défense des travailleurs, pour une valeur actuelle d’environ 1,2 million.

« Prendre soin des travailleurs rend les compagnies plus rentables. C’est aussi simple que ça », a déclaré mardi Emma Pullman, une porte-parole du syndicat britanno-colombien, lors d’une conférence de presse organisée par le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants et l’Association des travailleurs et travailleuses temporaires d’agences de placement.

« Le profit avant tout »

Dollarama a été prise à partie à de nombreuses reprises depuis le début de la pandémie. Des travailleurs actuels, passés et des sympathisants à leur cause ont régulièrement manifesté contre les conditions de travail et la rémunération des employés du géant du détail.

Encore mardi, des syndicats et des groupes de défense des travailleurs dénonçaient les conditions de travail « inacceptables » des travailleurs d’agence avec lesquelles fait affaire le détaillant, leur « exploitation », les « abus » ou encore la réputation « pitoyable » en matière de santé et sécurité.

Un ancien employé, dont la tâche était d’empiler des boîtes sur des palettes, est venu témoigner que ses deux pauses quotidiennes étaient insuffisantes compte tenu de la taille de l’entrepôt. Gaurav Sharma a expliqué avoir calculé qu’il avait besoin de sept minutes de marche pour se rendre à la cuisine depuis son poste de travail, ce qui lui laissait à peine le temps de boire « un verre d’eau » durant sa pause de 15 minutes et qui amputait considérablement la pause de repas d’une demi-heure. « Et si on retourne en retard, ils réduisent notre salaire », a-t-il noté.

Selon lui, le détaillant doit minimalement fournir des masques, des gants, des ceintures de levage, des chaussures de sécurité et dispenser une meilleure formation sur l’utilisation des équipements.

Au Québec, la chaîne de magasins à bas prix a été épinglée par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail en janvier dernier alors que 11 constats d’infraction avaient été décernés à neuf magasins pour non-respect des mesures sanitaires.

Affirmations mensongères ?

Selon Dollarama, la couverture médiatique négative qu’elle subit est l’œuvre d’un « petit groupe d’organisations locales tierces » et rien n’indique qu’elles « représentent réellement l’intérêt collectif de nos employés ou des travailleurs des agences de placement ».

L’entreprise affirme dans la circulaire de sollicitation que les employés et les travailleurs des agences de placement disposent « de nombreux moyens de signaler des problèmes ou d’exprimer leurs préoccupations, en toute confidentialité s’ils le souhaitent ».

Dollarama prétend qu’il n’y a « aucune raison de croire » que les affirmations des détracteurs « reflètent un quelconque mécontentement » des employés ou des travailleurs des agences de placement concernant leurs conditions de travail ou leur rémunération.

La pandémie de COVID-19 n’a pas constitué un frein pour la rémunération globale des cinq principaux dirigeants de Dollarama, qui a affiché une progression notable pour s’établir à 13,4 millions lors du dernier exercice.

Dollarama a affiché à la fin mars un profit de 564 millions à partir de ventes de 4,03 milliards pour son plus récent exercice financier.

Les travailleurs des agences de placement embauchés pour le compte de Dollarama ont pour leur part bénéficié en début d’année d’une augmentation permanente du salaire d’entrée. Il est passé à 15 $ l’heure, un taux que certains jugent désormais insuffisant compte tenu de l’augmentation du coût de la vie.

L’assemblée annuelle des actionnaires doit se tenir à 9 h de façon virtuelle. Un rassemblement est prévu en après-midi, en marge de la réunion, à proximité du centre de distribution, à Montréal.