(Montréal) La technologie du partenaire américain aurait avantage à trouver le chemin des écoles québécoises, évoque l’entreprise.

Alors qu’elle achève la fabrication des 10 000 respirateurs mécaniques commandés par le gouvernement canadien, CAE vient de conclure une entente avec l’entreprise américaine The Pyure Company pour l’assemblage de 55 000 assainisseurs d’air au cours de la prochaine année.

CAE assemblera trois modèles d’assainisseurs mobiles, dont un à usage médical. Tous sont destinés au marché américain.

Au plus fort de la production, la fabrication du respirateur CAE Air1 conçu en 2020 par CAE occupait plus de 500 employés syndiqués. En janvier, la fin du contrat a entraîné 180 mises à pied temporaires. Le contrat conclu avec Pyure permet d’e rappeler une centaine de travailleurs pour au moins un an.

« C’est un contrat qui est renouvelable et on ne voit pas pourquoi ça arrêterait », a indiqué Pascal Grenier, vice-président, exploitation de technologie et innovation chez CAE. « Cet assainisseur d’air vient aider dans le contexte de la COVID, mais il a une technologie particulière qui peut être utilisée pour les moisissures, l’influenza, les bactéries. »

Comme le soleil

Bien que la technologie de Pyure fasse appel au rayonnement ultraviolet, elle utilise un tout autre principe que la désinfection avec lampes UV.

« Ce que la compagnie a réussi à faire il y a une quinzaine d’années, c’est d’utiliser les rayons UV pour reproduire l’effet du soleil et générer des hydroxyles dans un environnement fermé », a décrit Jean-François Huc, chef de la direction de Pyure.

Plutôt que de désinfecter et filtrer l’air qui le traverse, l’appareil produit et propulse dans l’air ambiant des hydroxyles (atomes d’oxygène et d’hydrogène liés) et des oxydants organiques qui s’attaqueront aux bactéries et virus en suspension.

« Ce qui nous différencie, c’est qu’on est capables de tuer non seulement les virus qui se propagent dans l’air, mais également les virus sur les surfaces. »

Selon Pyure, des tests de laboratoire en milieu fermé ont montré que l’appareil à usage hospitalier MDU/Rx éliminait 99 % des particules de SARS-CoV-2 dans l’air en 20 minutes et qu’aucune particule n’était détectée après 80 minutes.

Un appel à l’expertise québécoise

C’est Pyure qui, indirectement, a établi le contact avec CAE.

« Au départ, on travaillait avec une firme québécoise pour développer une nouvelle génération de produits, avec un nouveau design, un nouveau look, et on avait fait appel la firme (montréalaise) Alto Design, a expliqué Jean-François Huc.

« Je leur ai demandé s’ils connaissaient des entreprises québécoises qui auraient la capacité de nous aider à produire des appareils. Ils nous ont mis en contact avec CAE, et c’est allé très très vite. »

Pourquoi une entreprise américaine dont la fabrication s’effectue en Floride a-t-elle fait appel à l’expertise québécoise ? « Parce que son président est à Montréal », a répondu en souriant Jean-François Huc, à la tête de l’entreprise depuis un peu plus d’un an.

« Mais on a fait des appels d’offres, et honnêtement, on trouve au Québec des compétences extraordinaires. »

Une nouvelle avenue chez CAE Santé

Pour CAE Santé, la division vouée principalement aux simulateurs et appareils de formation destinés au personnel médical, ce contrat ouvre de nouvelles portes.

« CAE va participer à fabriquer le nouveau modèle de Pyure et va offrir ses services d’ingénierie pour ce produit », a informé Pascal Grenier. « Ça va faire partie de l’offre de CAE Santé d’offrir ces services-là. »

CAE entend sensibiliser les autorités québécoises à la technologie de Pyure — différente des purificateurs dont le gouvernement déconseillait l’usage en classe, a-t-il précisé.

« Si le Québec ou le Canada achetait de ces assainisseurs d’air — on peut penser aux écoles, aux hôpitaux, aux bureaux, à l’agroalimentaire —, et qu’on pouvait doubler la production à 100 000, on le ferait et ça créerait encore d’autres emplois. »

Un syndicat heureux

L’assemblage des appareils de Pyure a déjà commencé chez CAE.

« On est très emballés par la nouvelle », s’est réjouie Sophie Albert, présidente de la section locale 522 d’Unifor, qui regroupe les employés de la fabrication chez CAE.

« Le fédéral tarde à venir en aide au secteur aérospatial et au transport aérien. Dans ce contexte, ce contrat amène de l’eau au moulin et nous donne espoir qu’on saura non seulement maintenir les emplois actuels, mais aussi rappeler les membres qui ont été mis à pied. »