(Montréal) Hydro-Québec et son partenaire Central Maine Power n’ont pas réussi à convaincre les citoyens du Maine que la ligne de transport qui doit traverser cet État pour rejoindre Boston comporte des avantages pour eux et pour la lutte contre les changements climatiques.

Les premiers résultats du référendum organisé pour s’opposer au projet indiquent une victoire assez claire des opposants. Leur option dominait à 60 % contre 40 % pour ceux qui sont favorables au projet, après le dépouillement des deux tiers des votes.

Hydro-Québec a indiqué en fin de soirée mardi qu’elle ne baissera pas les bras pour concrétiser ce contrat de 20 ans avec le Massachusetts qui doit lui rapporter des revenus de 10 milliards.

« Hydro-Québec entreprendra les actions nécessaires pour faire reconnaître ses droits et assurer la poursuite de la construction du projet », a fait savoir la société d’État dans un communiqué. Seulement « un peu plus du tiers des électeurs ont participé au scrutin référendaire », souligne-t-elle.

La ligne de transport de 233 kilomètres qui traverse le Maine est essentielle pour rejoindre les acheteurs de l’électricité québécoise dans le Massachusetts.

Le projet d’interconnexion a suscité énormément d’opposition de la part des citoyens, des environnementalistes et aussi des entreprises qui exploitent des centrales au gaz naturel dans le Maine et qui risquent de perdre beaucoup d’argent.

Au terme d’une campagne référendaire corsée, les citoyens se sont présentés nombreux pour voter, surtout pour se prononcer sur le projet d’Hydro-Québec et de son partenaire américain, Central Maine Power (CMP), responsable de la construction de la ligne de transport.

Les votants interrogés par le quotidien Portland Press Herald étaient pour la plupart contre le projet de ligne de transport. « Je n’aime pas comment fonctionne notre politique énergétique et je n’aime pas que CMP soit liée à des entreprises étrangères », a dit par exemple John Santoro, un citoyen de 60 ans.

Un autre, Timothy Callnan, 70 ans, a dit au même journal qu’il s’opposait tout simplement à ce qu’on coupe des arbres.

La suite des choses reste imprécise. Le projet d’interconnexion a obtenu tous les permis et toutes les autorisations requis de la part des autorités réglementaires, y compris le permis présidentiel nécessaire pour importer de l’énergie aux États-Unis.

La construction est commencée depuis janvier 2020, et le partenaire d’Hydro-Québec a déjà dépensé 400 millions US pour faire avancer le projet dont le coût total est estimé à 1 milliard US.

Des recours judiciaires sont possibles, mais ils auraient pour effet de retarder davantage un projet déjà en retard de deux ans sur l’échéancier prévu. Le Massachusetts s’attend à recevoir l’électricité du Québec à la fin de 2022.

Les comités du Oui et du Non au projet de ligne de transport ont dépensé près de 100 millions US pendant la campagne référendaire qui s’est avérée la plus coûteuse de l’histoire du Maine. Les opposants au projet, financés par les concurrents d’Hydro-Québec Calpine, Nexterra Energy et Vistra Energy, ont dépensé 26 millions US, tandis qu’Hydro-Québec et ses partenaires américains ont dépensé presque trois fois plus, soit 67 millions US.

La question soumise aux citoyens du Maine demandait de bannir tout projet de construction de ligne électrique sur le territoire, rétroactivement à 2020, et d’exiger une majorité des deux tiers des élus pour accepter tout projet futur.

C’est la deuxième fois que le contrat d’exportation vers le Massachusetts se heurte à l’opposition citoyenne. Un premier projet, connu sous le nom de Northern Pass, a été abandonné après avoir suscité beaucoup d’opposition au New Hampshire.