La Compagnie électrique Lion a presque triplé ses livraisons au deuxième trimestre, mais cette accélération de la cadence de production s’accompagne de défis dans un contexte où les chaînes d’approvisionnement sont perturbées partout sur le globe. Jusqu’à présent, le constructeur de camions et d’autobus électriques dit avoir évité le coup de frein grâce à sa stratégie de surstockage.

Malgré une hausse « marginale » des coûts attribuable à l’augmentation du prix de certaines matières premières, l’entreprise établie à Saint-Jérôme estime avoir été en mesure de tirer son épingle du jeu, selon son président et chef de la direction, Marc Bédard.

« Nous avons pris la décision de surstocker plusieurs composantes », a-t-il expliqué, vendredi, au cours d’une entrevue téléphonique avec La Presse en marge du dévoilement des résultats du deuxième trimestre. « On souffre moins que certains. »

M. Bédard a donné l’exemple de chargeurs nécessaires pour livrer des véhicules, de pièces jugées « stratégiques » dans la fabrication des moteurs ainsi que des batteries.

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Marc Bédard, président et chef de la direction de La Compagnie électrique Lion, en mars dernier

On a des batteries commandées jusqu’en 2023, beaucoup en stock, et il y en a qui s’en viennent bientôt. Nous avons prévu la progression de notre production.

Marc Bédard, président et chef de la direction de La Compagnie électrique Lion

Au cours de la période de trois mois ayant pris fin le 30 juin, 61 véhicules sont sortis de l’usine de Lion située à Saint-Jérôme, comparativement à 22 il y a un an. L’entreprise a livré 48 autobus scolaires et 13 camions. Elle ambitionne de construire annuellement 2500 véhicules dans ses installations situées dans les Laurentides. L’entreprise en démarrage ne peut se permettre d’éprouver des difficultés d’approvisionnement, ce qui nuirait à sa crédibilité auprès des investisseurs.

Si Lion suit de près la pénurie de puces électroniques, qui a contribué à perturber les activités de nombreux constructeurs automobiles depuis le début de l’année, l’entreprise s’estime moins exposée au phénomène.

« Les puces sont surtout utilisées sur des pièces que l’on achète de fournisseurs, a précisé M. Bédard. L’effet est moins important pour nous que pour l’industrie automobile en général. Ce créneau a plusieurs années d’avance sur les autobus et les camions. »

Conditions favorables

Le 12 août, le carnet de commandes de Lion comptait 965 véhicules, soit 262 camions et 703 autobus. Sa valeur était estimée à plus de 280 millions de dollars américains. Le patron de l’entreprise croit que toutes les unités devraient être livrées au cours des 12 prochains mois.

Le constructeur d’autobus et de camions électriques ne s’attend pas à avoir trop de difficulté à garnir son carnet de commandes. Tant au Canada qu’aux États-Unis, les autorités publiques mettent en place des programmes visant à soutenir financièrement l’électrification des transports.

Amazon a récemment décidé d’acheter 15 camions urbains Lion8. Le géant du commerce en ligne avait déjà reçu des camions de classe 6. En vertu de son entente avec l’entreprise québécoise, la multinationale américaine pourrait lui acheter plusieurs milliers de véhicules d’ici la fin de la décennie.

Au cours de la dernière semaine, Lion a aussi décroché une commande de 35 autobus et de bornes de recharge à l’Île-du-Prince-Édouard, et obtenu un autre contrat pour 30 autobus de la part de Zum Services, transporteur scolaire californien.

« Cette autre commande d’Amazon constitue un vote de confiance important à l’endroit des camions de Lion », a souligné dans un rapport l’analyste Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, à propos du carnet de commandes.

En plus du géant américain, Green Mountain Power, Day & Ross, et Casella Waste Systems ont également commandé des camions au cours du deuxième trimestre.

Toujours dans le rouge

L’augmentation des livraisons a permis à Lion de voir son chiffre d’affaires grimper à 16,7 millions de dollars américains au deuxième trimestre, alors qu’il avait été de 6,1 millions de dollars américains à la même période l’an dernier.

Malgré tout, l’entreprise a affiché une perte nette de 178,5 millions US, ou 1,13 $ par action, comparativement à 1,3 million US, ou 1 cent US par action, il y a un an. Ce résultat a été attribué à la comptabilisation d’une tranche de 167,7 millions US attribuable à la rémunération fondée sur des actions hors trésorerie ainsi qu’à d’autres instruments financiers.

Les analystes sondés par la firme de données financières Refinitiv s’attendaient à voir l’entreprise générer des revenus de 15,5 millions US et afficher une perte d’exploitation ajustée d’environ 4,8 millions US.

Lion s’attend à commencer l’assemblage des véhicules électriques aux États-Unis pendant la deuxième moitié de 2022 dans son usine de fabrication d’une superficie d’environ 900 000 pieds carrés en banlieue de Chicago. Au Québec, c’est à Mirabel que l’entreprise implantera son usine de blocs-batteries.

À la Bourse de Toronto, vendredi, l’action de Lion a clôturé à 17,58 $, en recul de 43 cents, ou 2,4 %. Du côté de la Bourse de New York, le titre a terminé à 14,05 $ US, en baisse de 32 cents US, ou 2,2 %.